Vocation : Article 166 du RE :
"Par leur baptême, tous les membres de l’Église ont pour vocation de prendre part au témoignage de l’Évangile en paroles et en actes.
L’EERV suscite et reconnaît des vocations parmi ses membres, laïques et ministres."
Le «sacerdoce universel des croyants» s’oppose à la séparation entre un état ecclésiastique et un état laïque[1]. Luther disait que « c’est le baptême, l’Évangile et la foi qui seuls forment l’État ecclésiastique et le peuple chrétien».
Il n'y a donc pas deux catégories de croyants, des ministres disposant de pouvoirs particuliers et d'un statut privilégié, et les simples fidèles qui devraient obéir ou prendre une posture de simples consommateurs de religieux.
Dans le même ordre d’idée, il n’y a pas de laïcat universel mais un sacerdoce universel c’est à dire que tous les chrétiens sont égaux et que tous sans exception ont la même responsabilité face à la mission de l’Eglise.
Chaque croyant peut et doit prendre des responsabilités dans l’Église : visiter les malades, et les personnes isolées, prendre soin des plus fragiles, animer une église de maison, un groupe de catéchèse, ou tout ou partie d’un culte, être membre d’un conseil…
Ce sacerdoce, ce service se vit dans la communauté chrétienne.
La vie communautaire n’est pas une matière à option c’est un cadeau que Dieu nous fait !
Mais ce ministère commun à tous les chrétiens et chrétiennes doit se vivre dans toutes les sphères de la société. Le chrétien est appelé à vivre ses relations familiales, professionnelles, culturelles, sociales, citoyennes devant Dieu, en lien et référence à sa foi en Dieu.
En utilisant le mot vocation aussi bien pour parler d’un ministère en Église que pour parler d’un métier, la réforme a uni deux mondes qui étaient jusque-là séparés et a révolutionné la conception même du travail.
La vocation des pasteur.e.s et des diacres n’est pas plus importante que celle d’un paysan ou d’une femme au foyer, la responsabilité spirituelle des uns et des autres est identique, l’importance dans l’œuvre de Dieu est identique[2].
Le travail n’est plus une conséquence du péché originel comme semblait le dire le texte de la genèse.
Toute activité humaine est rattachée à l’œuvre créatrice de Dieu. Tous les croyants deviennent collaborateurs de Dieu dans la création.
Notes
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[1] Voilà ce qu’écrivait Luther en son temps : « On a inventé que le Pape, les Évêques, les Prêtres, les gens des Monastères seraient appelés état ecclésiastique, les Princes, les Seigneurs, les artisans et les paysans l’état laïque, ce qui est, certes, une fine subtilité, et une belle hypocrisie. Mais personne ne doit se laisser intimider par cette distinction, pour cette bonne raison que tous les Chrétiens appartiennent vraiment à l’état ecclésiastique ; il n’existe entre eux aucune différence, si ce n’est celle de la fonction, comme le montre Paul en disant (I Cor. XII) que nous sommes tous un seul corps, mais que chaque membre a sa fonction propre, par laquelle il sert les autres, ce qui provient de ce que nous avons un même baptême, un même Évangile et une même foi, et sommes de la même manière Chrétiens, car ce sont le baptême, l’Évangile et la foi qui seuls forment l’État ecclésiastique et le peuple chrétien… En conséquence, nous sommes absolument tous consacrés prêtres par le baptême [...] »
[2] C’est dans cette perspective la que Martin Luther King écrira : « Chacun de nous porte en soi, cachées au plus profond de lui-même, des forces créatrices, et nous avons le devoir de les découvrir et de les utiliser. Lorsque quelqu'un a découvert pourquoi il a été créé, il doit mettre tout en œuvre pour réaliser au maximum le plan du Créateur, suivant ses propres possibilités. Il doit essayer de réaliser quelque chose de façon telle que personne ne soit capable de le faire mieux que lui. Il doit le faire comme s'il s'agissait d'une mission spéciale que lui aurait confiée le Créateur, à lui personnellement, et à ce moment précis de l'histoire du monde. Personne n'est capable de réaliser quelque chose d'exceptionnel s'il n'a pas le sentiment d'avoir été appelé spécialement pour cela, en un mot, s'il n'a pas la vocation. Martin Luther King : la force d’aimer