L’amour libre de Dieu (Juges 4,1-24)
2022-06-16
Le récit de l’intervention de Débora, prophétesse et juge, ne manque pas d’une certaine originalité qui interpelle la foi. C’est ainsi qu’il insiste d’abord sur le fait que les hommes puissants ne méritent pas qu’on les admire ni qu’on les redoute. En effet, dans cette histoire, toutes les figures masculines font pâle mine, et plus particulièrement Sisera, le chef des armées cananéennes qui, vaincu, fuit piteusement à pied, avant d’être tué par une femme, qui lui fait croire qu’il pourrait trouver refuge sous sa tente. Mais la singularité du récit réside plus encore dans la mise en évidence de l’action de deux femmes, Débora et Yaël. Si la première joue son rôle de cheffe de guerre en soutenant Baraq au moment de lancer l’assaut contre les armées cananéennes, la seconde brille par sa duplicité et ses mensonges: elle assassine Sisera en trahissant les lois élémentaires de l’hospitalité et en ne respectant pas l’accord de paix qui liait son clan au roi de Canaan. Elle parachève ainsi la victoire d’Israël et permet ainsi à la volonté salutaire de Dieu de s’accomplir. Le récit ne démystifie donc pas seulement la puissance des forts; il dit aussi que Dieu n’a que faire des catégories morales ou religieuses dans lesquelles des croyants pourraient vouloir l’enfermer. Quand il s’agit de venir au secours des siens, son amour se donne en toute liberté.
Philippe Nicolet
Prière:
Seigneur, permets-nous de te découvrir là où nous ne t’attendons pas: dans nos rencontres avec celles et ceux que nous peinons à aimer ou que nous négligeons.
