Louer Dieu sans se perdre (Juges 5,1-31)
2022-06-17
Quand bien même il reste difficile à comprendre dans tous ses détails, le cantique entonné par Baraq et Débora veut d’abord rendre honneur à Dieu. Il ne se contente toutefois pas de chanter la gloire du Seigneur du ciel et de la terre, sauveur d’un peuple infidèle; il appelle également la bénédiction de Dieu sur celle qui, armée d’un marteau et d’un piquet de tente, a broyé la tête et transpercé la tempe de Sisera, le roi cananéen vaincu qui lui avait demandé protection. Mais cet hommage rendu à Dieu et à son étrange alliée a aussi son revers: il dénonce les tribus d’Israël qui ont refusé de s’engager dans l’assaut mené contre les armées cananéennes tout comme il maudit la ville étrangère de Méroz qui, contrairement à Yaël, n’est pas venue soutenir Dieu dans la bataille. Louer Dieu, c’est donc se souvenir qu’il est aussi celui qui perce à jour les faux-semblants, les engagements présomptueux et factices. C’est dire qu’il n’y a peut-être pas de véritable louange qui ne soit pas aussi acte de repentance. Qui, en effet, peut être aussi insensé pour prétendre être capable de rester à jamais allié de Dieu? Penser être à l’abri de tout égarement face à Dieu, n’est-ce pas ressembler, en définitive, à la plus sage des princesses cananéennes qui se réjouit du retour victorieux de son roi alors que celui-ci est tombé, anéanti?
Philippe Nicolet
Prière:
Préserve-nous, ô Dieu, de toute suffisance et de toute hypocrisie. Donne-nous la force de reconnaître, sans crainte, nos doutes et notre fragilité dans la foi.