La justice de Dieu et la mort d’Abimélek (Juges 9,50-57)
2022-06-29
Parmi la liste des sauveurs inspirés du livre des Juges, Abimélek, qui «gouverna Israël durant trois ans» (ch. 9,22) n’est pas explicitement dénommé comme un «juge», tant sa royauté est décrite comme déplorable. Elle semble d’ailleurs s’être concentrée sur l’ancienne ville cananéenne de Sichem et ses environs, dont le bourg de Tévéç (v. 50). Selon la malédiction de son frère Yotam (v. 57), seul rescapé du fratricide d’Abimélek (ch. 9,5), Dieu intervient en envoyant «un esprit mauvais entre Abimélek et les propriétaires de Sichem» (ch. 9,23). Dieu sème la discorde, afin que la méchanceté du roi et des notables de Sichem qui l’ont intronisé retombe sur eux (vv. 56-57). De fait, tous meurent dans les conflits violents qui s’ensuivent, y compris le roi (ch. 9,45, 49, 53-54). Nous avons là une «morale» de l’histoire selon laquelle les méchants finissent par s’entretuer entre eux, sanctionnant eux-mêmes leurs propres injustices. Selon le point de vue théologique du livre des Juges, cette «justice» est l’œuvre de Dieu lui-même, d’avance annoncée par son prophète Yotam (ch. 9,15 et 20). Cependant, la complexité des événements, tant dans les récits du livre des Juges que partout ailleurs, semble montrer que la justice de Dieu est indiscernable dans l’histoire humaine.
Gilles Bourquin
Prière:
Seigneur notre Dieu, tu nous invites à ne pas chercher ta justice dans l’histoire des hommes, car elle y est introuvable, mais à la chercher en toi, car dans le mystère de ta révélation, tu accordes ta grâce aux justes comme aux méchants (Mt 5,45).