Un commandement vivant (Matthieu 15,1-20)

2023-09-08

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Pris dans l’urgence d’accueillir le royaume, jetés dans la mêlée des corps en attente de pain et de soins, les disciples ont oublié la tradition. Ils ont omis les gestes et les prescriptions-mémoire qui symbolisent l’importance de se préserver de l’extérieur, de l’impureté, du chaos qui, toujours et sous tant de formes, menace l’individu et la communauté. Pour les responsables religieux, qui accusent, pour la communauté chrétienne du premier siècle, les mots du Christ redéfinissent l’être humain et ses contours. Le trait passe de la main à la bouche et aux lèvres, puis au cœur. La frontière qui sépare du chaos, de l’impur est redessinée au plus intérieur de chacun, dans cette intimité où se vit au quotidien le défi du face à face avec le prochain: aimé, étranger, frère, voisine, parent, ennemi, fille. C’est dans cette confrontation avec l’autre, joyeuse, difficile, distante, aimante, violente – ou tout à la fois – que se joue le respect de la Parole de Dieu jamais réductible à la répétition machinale de rituels ou d’enseignements, aussi pieux soient-ils. Jésus ne rejette pas ici à bon compte la piété, la tradition ou les rituels. L’Evangile questionne discours et pratique religieuse lorsque ceux-ci tranquillisent ou rassurent trop facilement, lorsqu’ils deviennent écran, distraction qui dispense de l’exigeant travail de rencontre avec soi-même et avec le prochain, dans lequel se jouent et se rejouent jour après jour la pureté évangélique et le respect d’une loi vivante.

Antoinette Steiner

Prière:  

Seigneur, viens habiter mon cœur, que je puisse vivre au rythme et au souffle de l’Evangile!