Voir ou ne pas voir… (Genèse 22,9-19)
2024-03-06
«That is the question», pour paraphraser une autre scène célèbre. Car au-delà de l’épisode lui-même, il y a à voir! Abraham continue donc son chemin vers l’innommable geste que Dieu lui demande. Il prépare le tout conformément aux exigences du rite, jusqu’à lier son fils et dresser le couteau. Retentit alors le «stop» angélique qui constate la confiance d’Abraham et provoque chez lui un geste réflexe: il «lève les yeux, il regarde…» (v. 13). La suite est plus heureuse: un bélier est sacrifié, et père et fils redescendent de la montagne. En réponse à la question d’Isaac (v. 8), Abraham vient de déclarer que «Dieu saura voir». Et au v. 14, le narrateur nomme le lieu «le Seigneur voit; aussi, aujourd’hui, dit-on: c’est sur la montagne que le Seigneur est vu.» C’est dire si ce mot est important pour comprendre le geste, en définitive non accompli. Même dans notre langage courant, voir exprime une qualité de relation; lever les yeux implique de sortir de mon enfermement pour regarder plus loin que moi-même et mes préoccupations. Et quand le narrateur souligne que Dieu voit, c’est dire combien il voit au cœur d’Abraham (v. 12) comme de mon existence. L’échange des regards me décentre de ma vie quotidienne et m’ouvre à la promesse, comme Dieu le rappelle à Abraham (vv. 15-18). Ouvrons l’œil!
Albert-Luc de Haller
Prière:
Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour. Je suis l’aveugle sur le chemin, guéris-moi, je veux te voir. (Alléluia 46-10)