Une colère pas surmontée... (1 Thessaloniciens 2,13-20)

2021-11-17

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Quoi qu'on essaie d'en dire, les mots de Paul à l'encontre de ses (anciens) coreligionnaires juifs (vv. 14-16) sont accablants... pour lui. On ne saurait le passer sous silence ni chercher à tout prix à atténuer la portée de cette colère qui, manifestement, habite encore le cœur de l'apôtre et qui, dans ses périples, se voit ravivée à chaque refus essuyé en synagogue. A lire ce qu'il écrira plus tard aux communautés chrétiennes de Rome, on constate que cette colère aura trouvé le chemin de l'apaisement, de la modération, de la nuance et du sens. Mais pour le moment, ce qui s'expose là, brut, est problématique: la généralisation d'une situation précise, avec ses lieux communs bibliques ('les juifs tuent leurs prophètes'), tient clairement de l'antijudaïsme et cette posture est inexcusable, car elle deviendra dramatique. Où réside encore, là, la Parole? Elle est enfouie sous la caricature et l'égarement des émotions. Si ces mots n'avaient pas eu la trajectoire qu'on leur connaît, on passerait outre, mais ce n'est hélas pas le cas et leur permanence dans un recueil inspiré doit tenir notre attention en alerte pour enrayer la banalisation de l'acrimonie et du mépris qui peut aller jusqu'à s'abîmer dans la détestation et la haine.

Blaise Menu

Prière:  

Père, je remets entre tes mains mes échecs et mes colères, mes sentiments d'injustice et l'insatisfaction des projets contrariés, pour que tu sois celui qui accueille mes émotions difficiles et m'aide à les surmonter, au lieu que je les reporte sur autrui sans recul ni précaution.