Souffrir, mourir, mais dans son bon droit (Job 6,1-10 et 24-30)
2023-11-06
Jeune, encore pétrie de toutes les injonctions inculquées par une éducation récente, je m’enorgueillissais d’appliquer à la lettre les préceptes du monde des adultes. Je recherchai auprès de ces derniers leurs acquiescements. Je traversai au feu vert même si la route dégagée et vide m’invitait à enfreindre la règle apprise. J’empruntai toujours les passages cloutés. Et pour m’encourager, je me disais être dans le vrai en agissant ainsi puisque telles étaient les règles dictées par les grandes personnes à l’enfant que j’étais. Job fait la même chose. Il est écrasé par ce qui lui arrive: «S’il était possible de peser ma douleur... et toutes mes calamités, [elles] seraient plus pesantes que le sable de la mer.» Job émet même l’hypothèse que Dieu prenne du plaisir à l’anéantir. «Qu’il plaise à Dieu de m’écraser! Qu’il étende sa main et qu’il m’achève!» Mais il trouve sa consolation dans la certitude de n’avoir pas enfreint la règle édictée par Dieu. Comme l’enfant que j’étais qui lorsque le feu était vert traversait sans regarder puisque persuadée d’être dans son bon droit. A tel point qu’un jour, j’ai failli y passer, la faute d’un automobiliste. De concert avec Job, je pensais qu’il «me resterait du moins une consolation, une joie», même écrasée par une voiture, jamais je n’aurais transgressé les ordres!
Nadine Manson
Prière:
Eternel, aide-nous à nous redresser tels des adultes responsables face à toi et dans le monde!