Qui croire dans ce parloir? (Jean 7,40-52)

2022-07-28

Lire le texte

Impressionnante lutte qui se joue ici entre les autorités religieuses et la foule à propos de l’origine de Jésus. Elle témoigne d’un conflit – probablement exacerbé dans l’écriture de l’évangéliste – entre ce que l’on pourrait appeler le clergé et le peuple, notamment le «petit peuple» empêché par l’activité quotidienne de réaliser les exigences nombreuses des prescriptions rituelles. Bien au-delà du contexte des premiers siècles de notre ère, il s’est pérennisé longtemps dans l’histoire de l’Eglise et des religions en général. Malgré la modernité occidentale et la chute progressive de la cléricalisation des sociétés, il est toujours utile de réaffirmer cette crise dans laquelle l’Evangile fait entrer toute prétention à l’autorité. Si les maîtres de la Loi sont ici atteints eux-mêmes dans leur légitimité par la question audacieuse de Nicodème, c’est pour montrer que la vérité de Dieu jamais ne pourra s’associer à l’abus de pouvoir et à l’oppression morale. Si son objection concerne justement la possibilité d’entendre celui dont on parle tant sans jamais vraiment l’écouter, c’est, à nouveau ironiquement, une allusion à l’aveu des gardes venus l’arrêter qui confessent que jamais homme «n’a parlé comme lui», que sa parole à lui est toujours libre des jugements et des condamnations dont le monde se gorge.

Alexandre Winter

Prière:  

Seigneur, ne nous laisse pas entrer dans le jeu du pouvoir et de l’abus. Quand nous croyons savoir, c’est souvent alors que nous nous trompons. Rends-nous toujours capables d’écouter et libère-nous de nos jugements arbitraires.