Les larmes et la vie (Genèse 43,26-34)

2024-06-17

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Ironie, les choses reprennent exactement là où elles s’étaient arrêtées. L’histoire suit son cours, indifférente aux humains qui tentent de s’y soustraire. Les frères se prosternent devant le frère dont ils s’étaient débarrassés quand il leur avait annoncé que tous allaient se prosterner devant lui. Toute la violence, le rejet ont donc été vains. Et le repas a beau être de fête, il porte les stigmates des barrières et des tensions, des séparations inhérentes aux communautés humaines de tous les temps: on mange autour de la même table, mais chaque groupe à part. Benjamin le cadet, reçoit quant à lui un traitement de faveur, privilège ou injustice que personne n’ose relever cette fois. C’est comme si toute la fresque humaine avec ses aspérités et son potentiel de tension est redéployée une nouvelle fois devant les yeux de Juda et les autres, encore stupéfaits d’avoir été introduits au palais. Le défi sera, dans la même histoire, de rejouer sa partition autrement. Peut-être en laissant enfin place aux larmes cachées par les rancœurs et les haines, tout ce qu’elles racontent de peine, de besoin de reconnaissance, mais aussi de tendresse et de joie. Par-delà la douleur, elles annoncent que la vie peut rejaillir, et même se remettre à couler à flot, comme un vin de fête.

Antoinette Steiner

Prière:  

O Dieu, libère jour après jour ma tendresse, cet amour parfois recouvert de fatigue et de rancœurs.