Le temps des ténèbres (Job 3,1-2 et 20-26)

2024-05-04

Qu’il semble loin ce moment où Job pondérait bonheurs et malheurs. Il répondait à sa femme qui l’exhortait à rejeter Dieu en le maudissant et à mourir (ch. 2,9-10). Maintenant, Job n’est plus qu’amertume. Ni la nuit de sa conception ni le jour de sa naissance n'auraient dû exister (vv. 2-10). Il aurait mieux fait de mourir dans ou au sortir du ventre de sa mère (vv. 11-12). Et la mort devient ce lieu d'apaisement qui voit la fin des souffrances et des injustices (vv. 13-19). A partir du verset 20, c'est à Dieu que Job s’en prend. Pourquoi nous donne-t-il la vie si elle est engloutie dans la peur et le tourment? Quel peut bien être son sens si elle est tannée de souffrance? Seule la mort est alors désirable. Job la qualifie de mots étonnants: allégresse, exultation, trésor. La pulsion de mort qui s’est emparée de Job ne lui permet plus de voir les bonheurs qui ont également construit sa vie. Mais étonnamment, Job continue à s'adresser à Dieu, serait-ce en s’en prenant à lui, à parler de lui, à tenter de s’expliquer avec lui. Un abîme s’est ouvert sous ses pieds. Pourtant, dévasté, jusque dans sa colère désespérée, il reste relié à son Dieu et à la vie. Rejeter définitivement Dieu et quitter la vie comme le lui conseillait sa femme? Ce n’est pas le chemin que Job va suivre.

Christophe Reymond

Prière:  

Seigneur, jusqu’au cœur de nos questions sans réponse, de nos amertumes ou de nos révoltes… encore et toujours nous pouvons nous tourner vers toi. Tu es celui qui peux tout entendre, même, et peut-être surtout, le cri le plus désespéré.