Le fermé et l'ouvert (Genèse 29,19-26)
2024-04-11
Ces récits racontés au coin du feu répondent à un besoin de sens: quelle est l'origine de notre groupe tribal, pourquoi ces conflits entre tribus, à quoi correspondent les noms de lieux ou ceux de nos ancêtres? Car il ne s'agit pas ici seulement d'Esaü et de Jacob, mais bien des deux peuples qu'ils ont engendrés, comme le déclare l'oracle divin. Selon les termes hébreux, Isaac brûle de l'encens pour demander la fertilité de Rébecca, elle-même «cherche» une parole auprès du Seigneur. En réponse, l'oracle de Dieu annonce le conflit entre les jumeaux et les peuples qu'ils représentent, le plus fort devant servir le plus faible. C'est une constante biblique: Dieu travaille avec le petit, auquel il communique sa force, et ne se fonde pas sur la puissance humaine. Le point de vue du narrateur est immédiatement dépréciatif à l'égard d'Esaü, le roux, qui est la couleur basanée des peuplades du sud dont il est l'ancêtre. De manière forcée, on fait dériver son nom (ésaou, rude, brut) de son aspect poilu (séar, être poilu, chevelu). Quant à son jumeau, Jacob (Iaakob, que Yahvé soutienne), son nom viendrait du talon de son aîné auquel il s'accrochait (akeb, talon; mais akab veut aussi dire tromper!). La question se pose: l'oracle et l'attribution des noms signifieraient-ils une vision déterministe de l'histoire? De fait, l'action de Dieu consiste plutôt en une grande entreprise de persuasion, qui dépend de notre désir et de notre capacité à lire les signes.
René Blanchet
Prière:
Empêche-nous, Seigneur, de nous laisser enfermer dans une existence robotique, déterminée d'avance. N'es-tu pas celui qui ouvre? Aide-nous à exercer notre part de liberté et à saisir les ouvertures de l'existence.