Euh... (Marc 12,13-17)
2024-03-13
Il y a comme une hésitation dans l’air… Que répondre à cette démarche obséquieuse et duplice sur l’impôt dû à l’occupant romain? Sans surprise, Jésus s’en sort bien, avec un sens de l’esquive éprouvé qui renvoie ses interlocuteurs à leurs contradictions. Et il décoche ce qui vaut depuis pour doctrine de séparation entre le temporel et spirituel: rendre à César ce qui est à César… et à Dieu ce qui est à Dieu. Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés. Mais avant de faire du Galiléen un précurseur de la laïcité, il faut marquer une autre hésitation: celle qui permettra d’éviter l’anachronisme. Car la saillie de Jésus reconnaît tout au plus une limite au pouvoir de l’Etat: qu’il soit autocrate ou démocrate, César n’est pas tout, et l’évocation du divin est une manière de limiter ses prétentions. Dans un style devenu désuet parce qu’il n’est plus compris, c’est la lecture qui s’impose en déroulant le préambule de la Constitution helvétique: “Au nom de Dieu Tout-Puissant!” Quelques cantons suisses sont laïcs, mais la Suisse dans son ensemble l’est aussi qui veut garantir la paix confessionnelle (ou religieuse, ou convictionnelle), même s’il manque le marqueur cher à d’autres sensibilités laïques: la séparation. Rendre à Dieu ce qui est à Dieu ne veut pas dire exclure ni séparer ni se défier, mais d’abord reconnaître la valeur impérieuse de l’humain face à tout système.
Blaise Menu
Prière:
Eternel, toi qui fais lever ton soleil sur les bons et les méchants, et pleuvoir sur les justes et les injustes, rappelle-moi qu’aucun pouvoir ne peut avoir de parole définitive sur ma vie.