Aïe, aïe, aïe... (Marc 12,1-12)

2024-03-12

Lire le texte

 

L’argument est connu: la religion engendre de la violence. La conviction supporte mal la contradiction ou la nuance. Pour la modernité revêche qui, à coups de réseaux sociaux ou d’articles, règle ses comptes avec Dieu et avec les institutions qui l’entretiennent, violence et religion sont systématiquement associées. Surtout en régime monothéiste, où le choix exclusif pour un Dieu singulier exacerberait l’intolérance. Il faut dire que les exemples abondent, jusqu’à cette parabole où Jésus dénonce la violence religieuse où vont s’abîmer ses adversaires. Or, il se pourrait qu’il s’agisse là d’un lieu commun: le fruit d’une lecture convenue et finalement paresseuse de l’histoire et des institutions. Une lecture qui trouve dans le seul phénomène religieux, réputé problématique, l’explication au mal social et politique pour mieux couvrir la propre incapacité du politique à juguler la violence, jusqu’à celle qu’il crée parfois lui-même. Peut-être devons-nous aussi admettre que la violence constitue l’inévitable scandale de toute sphère sociale, y compris religieuse, une violence que tous s’efforcent d’arraisonner pour en contenir les effets délétères, mais qui déborde ses digues et se répand régulièrement. La conviction violente n’est pas l’apanage des seules religions, mais elles s’y trouvent davantage exposées, surtout lorsque conviction et sacrifice sont encore entremêlés – c’est-à-dire là où le sens du don est oublié et dévoyé.

Blaise Menu

Prière:  

Mon Dieu, lorsque je suis tenté de me croire propriétaire de ta Parole jusqu’à l’irréparable, retiens ma main et mes mots.