Etre en règle même lorsqu’on est en désaccord (Matthieu 17,22-27)

2023-09-18

Lire le texte

La distance culturelle qui nous sépare de ce passage est assez nette; il est question de deux impôts bien distincts que Jésus juxtapose de façon surprenante: a) l’impôt pour le Temple de Jérusalem, nommé «didrachme», qui était perçu auprès de tous les juifs, qu’ils résident en Galilée ou Judée, où qu’ils proviennent de la diaspora. Notons encore que la question est posée à Pierre, comme s’il y avait un doute: Jésus et les siens s’inscrivent-ils encore dans la logique juive et le respect dû au Temple, institution centrale du judaïsme du 1er siècle? Puis b) l’impôt qui était prélevé par les autorités séculières. On peut bien supposer que les Romains faisaient sentir, par ce biais, tout le poids de leur présence sur les populations qui leur étaient soumises, l’impôt étant, dans la logique de l’Antiquité, l’outil des vainqueurs sur les vaincus. Ce qui peut surprendre dans le raisonnement de Jésus, c’est qu’il laisse entendre qu’il pourrait s’exempter lui-même de l’impôt du Temple en raison de sa filiation divine (les autres juifs étant alors, dans cette transposition, des «étrangers»!). En définitive, Jésus semble dire qu’en principe, il serait légitimé à ne pas payer l’impôt, mais dans la pratique, il s’y soumet par souci de conformité, parce que son identité de Fils ne peut pas être reconnue comme telle par l’institution du Temple. Une question pour finir: le fait que la pièce se découvre opportunément dans la bouche d’un poisson, ne discrédite-t-il pas cet impôt du Temple? C’est de l’argent qui n’a rien coûté et dont l’origine reste étrange.

Robin Masur

Prière:  

Seigneur, dans mes actes, aide-moi à discerner comment simultanément ne pas être un objet de scandale, et néanmoins témoigner de ma foi hors de tout conformisme social.