A la recherche du royaume des cieux (Matthieu 18,1-9)

2023-09-19

Lire le texte

C’est profondément humain: nous vivons dans la logique des hiérarchies, et il est difficile de s’en affranchir. A la question des disciples, Jésus répond pédagogiquement (!) en prenant un enfant et en le mettant au milieu de l’assemblée. Il ne faut pas se méprendre: nous sommes loin de l’enfant roi du 21e siècle, et Matthieu n’idéalise pas l’enfant comme un être pur et innocent. Dans l’Antiquité, l’enfant était perçu comme un être encore incomplet, totalement dépendant, et qui n’est pas digne d’intérêt. En le mettant au centre, en inscrivant le service du plus faible comme étant fondamental pour faire advenir le royaume des cieux, Jésus bouscule les valeurs de son temps. Et l’ecclésiologie qui se dessine est celle du service. Les versets suivants (6-9) sont nettement moins confortables: nos Eglises répugnent à employer un vocabulaire aussi dur tel que l’emploie Jésus: le scandale, le malheur, la chute, couper la main ou le pied, arracher un œil, la géhenne de feu! Pourtant, ces lignes doivent être tout autant méditées. Une piste de compréhension pourrait passer par les épîtres pauliniennes: l’Eglise y est comparée à un corps (1 Co 12,12), et le texte de Matthieu pourrait alors être compris comme la nécessité de retrancher de la communauté les personnes qui seraient une occasion de scandale pour les petits, pour les plus faibles. Ce qui est certain, c’est que Jésus lance un appel à la vigilance: la contingence du monde fait qu’il y aura toujours des scandales (v. 7), et le chrétien est appelé à veiller en permanence à la cohérence de son agir dans la perspective du royaume des cieux, toujours en ligne de mire à l’horizon du croyant.

Robin Masur

Prière:  

Seigneur, fais que ton appel résonne en notre cœur.