Du secret au mystère (Matthieu 9,27-34)

2023-08-10

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Un magicien ne révèle jamais ses secrets. Il risquerait de perdre toute sa réputation, d'abattre le voile de l'illusion entraînant avec lui la fin de la magie. Manifestement, Jésus semble suivre un précepte similaire dans son activité guérissante: ne pas trop en dire afin que l'attention ne se focalise pas trop sur le comment, mais qu'elle reste portée sur ce mystère tutoyant la présence de Dieu. Entre les aveugles dont le témoignage devait rester inouï et le muet devenu artisan du jamais vu, se dessine tout un chemin de révélation sur l'identité de Jésus: Il est celui dont la puissance se découvre à l'aune de sa compassion, dont le pouvoir réside dans la capacité de son cœur à s'émouvoir plutôt que par l'intervention d'une force extérieure. Toutefois, cette révélation en est une qui s'anticipe; elle est manifeste avant le miracle, dans le balbutiement d'une conviction personnelle, d'une crédulité confondante. Raconter l'histoire de Jésus qui guérit ne peut que faire le lit des pharisiens qui attendent l'occasion de briser sa crédibilité par de fausses accusations juste suffisantes à nourrir le soupçon. Interroger le pourquoi du comment de la guérison ne fait que réduire l'action de Jésus à un dénouement thérapeutique, alors que le véritable mystère réside dans la prodigieuse capacité du Christ à élargir son amour à mesure que sa compassion est sollicitée. Et ce mystère-là n'est pas fait de secret(s), mais de relation(s), de confiance et d'émerveillement.

Etienne Gilloud

Prière:  

Dieu de compassion, que ton mystère soit mon espérance.