Affaires évanescentes, éphémère existence (Jacques 4,13-17)

2023-10-25

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Pas de critique voilée dans cette lettre: l’accusation fuse, les accusés sont clairement nommés. Il s’agit de gens aisés, membres de la communauté, mais totalement détachés du cœur de cette appartenance. La condamnation ne se limite pas à la morale: l’auteur de la lettre voit dans l’attitude de ces privilégiés non pas un péché parmi d’autres égarements, mais le péché, c’est-à-dire la rupture de la relation avec Dieu. Riches, importants, puissants, ils et elles voyagent, achètent, vendent, négocient pour leur enrichissement. Tournés vers leur intérêt et leur profit, ces hommes et ces femmes oublient d’où leur vient la vie. Un don, un don inconditionnel, fruit de la liberté illimitée du créateur. Sans cette relation d’amour, sans ce souffle mystérieux qui relie Dieu et l’être humain, pas de vie du tout. Croire, avoir la foi dans ce Dieu, cela signifie reconnaître ce lien extraordinaire et inexplicable, et s’abandonner à sa puissance. La vie vient de l’extérieur; l’autre, l’unique l’offre à sa créature. La vie naît dans une relation, la vie prend corps dans l’accueil de l’altérité. Lorsque des gens aisés pensent tenir leur vie en main grâce à leurs dépôts bancaires ou à leurs affaires, ils se leurrent. Et oublient qu’ils ne sont qu’une «vapeur», «une buée fugace» (v. 14), image qui n’est pas sans rappeler la «vanité» du sage Qohélet. Ephémère illusion de maîtriser sa propre vie. Pire encore: avoir les moyens de servir l’autre et ne pas le faire.

Janique Perrin

Prière:  

Demain t’appartient, Dieu d’espérance, éclaire ma route vers ton mystère.