Qui porte qui? (Esaïe 46,1-13)

2023-12-16

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En évoquant les déportés judéens à Babylone, il serait faux d’imaginer qu’ils n’étaient qu’un groupe d’esclaves opprimés et méprisés. Lors de la prise de Jérusalem au début du 6e siècle av. J.-C., Nabuchodonosor avait trié et choisi l’élite de la société judéenne à emmener de force à Babylone! Ainsi, beaucoup de déportés s’étaient bien intégrés et avaient même occupé des postes en vue dans cette ville. Vivant ainsi à la babylonienne, on imagine aisément qu’ils aient pu être séduits non seulement par les fastes de la cité, mais aussi par sa culture et ses divinités. Dès lors, on comprendra pourquoi réapparaissent toujours ce rejet et cette exécration des idoles locales. Ici, ce rejet s’exprime à travers l’image «du porté ou être porté». En effet, lors du Nouvel An, par exemple, les effigies des grands dieux Bel et Nébo étaient portées à travers la cité, sous les vivats de la foule. Avec ironie, Dieu rappelle aux siens qu’au contraire, il n’a jamais été porté, mais que c’est lui qui a toujours porté son peuple et même chaque individu de sa naissance à sa mort. Mais faut-il encore que le peuple de Dieu s’en souvienne! Se souvenir! En hébreu, le verbe comporte les mêmes lettres que le mot «semence». Ainsi se souvenir, c’est être renvoyé au point de départ de l’humanité et de soi-même. D’où ce vibrant appel, à la mémoire du passé le plus lointain, où Dieu portait son peuple et l’invitait à tourner le regard vers l’avenir où Dieu le portera encore.

Pierre Wyss

Prière:  

O Dieu, je te rends grâce pour ta grandeur qui s’est placée au-dessous de moi pour me porter dans la vie!