Marc 11,20-26
2024-03-10
Yaka! Il est des phrases qui vous font sentir minable. Et se sentir minable un dimanche, ce n’est pas une expérience spirituelle profitable, même si c’est le jour où l’on vous rappelle volontiers, à force de liturgie, que vous n’êtes pas à la hauteur des attentes du Seigneur. Ici donc, pour une histoire de foi, de montagne et de prière, on se sent vite minable, car ce n’est pas tous les jours, même un dimanche, qu’on a une foi à déplacer une montagne dans la mer. Tant s’en faut. Il arrive même que, dimanche ou pas, on soit bien déçu de soi – voire de Dieu – lorsque l’exaucement annoncé n’est pas accordé: c’est qu’on n’a pas assez de foi qu’on n’est (toujours) pas assez bon croyant, bonne croyante, ou qu’on ne prie pas comme il faut. Pourtant, ‘yaka’: yaka prier, yaka avoir confiance, yaka y croire assez. C’est la foi ‘yaka’: pratique, spontanée, mais immature. Celle qui assigne Dieu à soi. Or, il est une autre lecture possible: celle qui reconnaît que prier trouve sa source dans la confiance que des montagnes ont déjà été déplacées, qu’un exaucement est en cours, et qu’il faut peut-être apprendre – effectivement! – à prier mieux pour accorder ses désirs brouillons et parfois exagérés à l’amour du Père. Le Père qui te dit: “Tu es fragile, certes, mais certainement pas minable, mon enfant. Vois ce que je t’ai déjà offert.”
Blaise Menu
Prière:
Père tout-aimant, que ma prière ce matin soit retournée: que celle qui reste à exaucer soit celle que tu m’adresses sans te lasser pour que j’aie confiance en moi… et en toi. Cantique «PsC» n° 379; «Alléluia» n° 49-14
