Le chant du Christ, racine de la communauté chrétienne (Philippiens 2,5-11)

2023-05-20

Lire le texte

Où s’enracine cet appel aux valeurs de compassion et d’amour des autres? Quelle validité peut avoir cet appel à considérer les autres avant soi-même et son propre intérêt? S’il s’agit d’une philosophie de vie, on peut la taxer d’altruisme, de faiblesse volontaire, de naïveté, voire pire, de masochisme. Paul connaît bien la culture gréco-romaine, dès qu’il s’adresse aux Philippiennes et Philippiens, habitant une colonie romaine florissante et pétrie des valeurs d’honneur et de succès. Et ce qu’il présente pour donner racine et validité à son propos, c’est le Christ lui-même, dans sa destinée à la fois divine et humaine. Non pas une idée, un concept, un raisonnement, mais la vie d’un homme-dieu, qui s’est vidé de son pouvoir pour servir et donner sa vie aux autres et que Dieu a élevé auprès de lui. Paul n’évoque pas tant le prophète de Nazareth, annonçant le royaume de Dieu, mais son geste magistral et libre du don de soi. Cet hymne, aux accents liturgiques, réintègre l’honneur et la dignité, non d’après des normes humaines, impériales ou philosophiques, mais selon une volonté divine, qui habite le Christ lui-même et passe par la croix. L’épreuve de la mort sur la croix ouvre une voie d’humilité et non d’humiliation, dans laquelle chaque croyant est appelé à entrer. Renoncer à son pouvoir pour que l’autre vive.

Laurence Mottier Cochet

Prière:  

Seigneur, toi qui nous ouvres au renoncement, délivre-nous de notre peur et de notre voracité, qui nous empêchent souvent de te suivre et plonge-nous dans la liberté de n’être rien pour que l’autre soit.