Je suis Caïn (Genèse 4,1-16)

2023-01-11

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Un des nombreux paradoxes de cette histoire tient au fait que le seul frère avec qui Dieu ne cesse de parler, c’est Caïn. Certes, il accepte l’offrande d’Abel, mais jamais il ne lui adresse la parole. Celui dont Dieu prend soin, c’est Caïn. Dieu entre en dialogue, conseille et met en garde, interpelle et même protège. Loin d’être un être rejeté, Caïn est celui avec qui Dieu ne cesse d’être en relation. Ceci avant et après avoir commis le meurtre de son frère. Dieu responsabilise Caïn par le dialogue sans pour autant l’enfermer dans la culpabilité, il lui ménage toujours une voie d’avenir. Dieu laisse à Caïn un espace ouvert de liberté sans jamais lui cacher la vérité sur sa situation. Ce va-et-vient incessant entre liberté et responsabilité est assez emblématique de toute l’histoire de Dieu avec l’humanité. Et surtout, ce récit contient une autre question fondamentale. Après celle qui demande à l’humain de se situer face à Dieu qui le cherche (cf. méditation du 9 janvier), voici l’autre qui lui est semblable: qu’as-tu fait de ton frère? Ainsi dès les premières pages de la Bible, les deux enseignements majeurs que le Christ va magnifier, à savoir l’amour de Dieu et l’amour du prochain, sont là et bien là. Dans cette histoire, Caïn n’est pas un autre, c’est moi. Un moi avec mes côtés sombres. Un moi que Dieu n’abandonne pas. Je suis Caïn.

Didier Halter

Prière:  

J’aimerais, ô mon Dieu, ne pas rester sourd à ta voix, à tes questions, à tes bénédictions. Ne me laisse pas me fermer à ton appel.