Etrange éloge funèbre (Esaïe 14,1-23)

2022-12-10

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Lors d’une cérémonie funèbre, la famille et les amis relèvent les qualités du défunt. Ici, c’est l’inverse (3-23). Le peuple est invité à chanter la chute d’un tyran, le roi de Babylone. La mention de Babylone surprend, car Esaïe a vécu au 7e siècle av. J.-C., plus d’un siècle avant l’essor babylonien. Un rédacteur tardif a retouché le texte et introduit Babylone à la place d’une autre puissance. Peu importe laquelle. La dimension universelle de ce passage saute aux yeux. La satire est féroce. Le tyran a été brisé. L’allégresse déborde. Les cèdres du Liban ne serviront plus à construire les palais du vainqueur. Et puis nous voilà au séjour des morts! D’autres rois accueillent le despote comme un semblable, avec son grabat de vermine. Il se prenait pour un astre divin et se voulait l’égal de Dieu. Il ébranlait les royaumes et rasait les villes. Le voici à terre, enseveli sous d’autres cadavres, sans sépulture, privé de descendance. Après le coup de balai du Seigneur, Babylone ne sera plus qu’un marécage habité par le hérisson ou le butor. Après avoir rappelé la fidélité de Dieu envers son peuple (1-2), Esaïe propose un poème satirique destiné à nous faire réfléchir sur ce qu’est un tyran et à nous montrer que la tyrannie est sans avenir aux yeux de Dieu (5,22-23). Regardons sous quelles tyrannies nous risquons de tomber, réfléchissons à ce qu’il nous arrive de faire peser sur autrui, et agissons en conséquence.

Pierre Marguerat

Prière:  

Seigneur, garde-nous dans la vigilance de la foi à la lumière de ta fidélité aimante.