Difficile de lâcher ce qu’on a acquis (Luc 18,18-30)

2021-11-13

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Ce récit constitue une suite logique du précédent. Se présente devant Jésus un homme qui est riche d’une multitude d’identités: il est chef, se dit respectueux des lois et, sur ce plan, serait irréprochable. Il semble avoir tout fait pour être admiré et aimé par les humains «depuis son plus jeune âge». On pourrait dire qu’il a parfaitement achevé son «assemblage» identitaire: c’est un adulte accompli. Très éloigné donc de l’enfant pourtant pris en exemple par le Christ un peu plus tôt. Résonnent alors à ses oreilles ces paroles de Jésus, tel un tremblement de terre: «Vends tout ce que tu as», c’est-à-dire: «Vends tout ce que tu as construit, ce que tu es devenu. Rends tes titres, ce qui fait ta fierté, ton identité actuelle, les histoires que tu te racontes sur toi. Et donne-le à ceux qui ne sont rien aux yeux du monde.» On peut bien comprendre qu’un tel renversement de perspective était quasi inimaginable pour lui. Et pour moi? Serais-je prêt à n’avoir plus aucun rôle, plus aucune place reconnue au milieu de la société? Même au milieu des miens? Serais-je prêt à lâcher tout ce que j’ai patiemment assemblé en moi pour essayer de «devenir quelqu’un»? Lorsqu’on s’est trop attaché à son identité, il semble bien difficile d’entrer dans le royaume de la désidentification, là où se trouve notre véritable identité, celle de notre «je suis» en Dieu.

Nils Phildius

Prière:  

Seigneur, quand j’aurai tout perdu, amis, proches, rôles, utilité en ce monde, donne-moi la joie de me connaître dans la simplicité de mon être.