Celui qui dialogue ne méprise pas (Job 40,1-5)
2023-11-15
L’affrontement entre Job et Dieu a parfois été compris comme l’expression d’un conflit qui ne pouvait se terminer que par l’écrase- ment de l’un des deux protagonistes. Certes, le dialogue qui s’est enfin institué entre Job et Dieu n’est pas dépourvu de dureté. Dieu ne s’est pas gêné de rappeler à Job ses limites et à l’interroger sans ménagement: est-ce lui qui a fait œuvre de création; est-ce lui qui a veillé à ce que tout dans la création, en dépit du désordre qui semble parfois y régner, y revête un sens et même une certaine beauté? Mais en le prenant ainsi à partie, Dieu mani- feste qu’il ne méprise pas Job; il ne veut pas obtenir de lui une reddition accablée ou effrayée. Dieu veut, au contraire, permettre à Job de ne pas rester embourbé dans une compréhension erronée qui lui rend en définitive Dieu inaccessible. En effet, vou- loir soumettre l’action de Dieu aux critères d’une justice humaine strictement rétribu- tive, comme le font les amis de Job ‒ et Job lui-même aussi! ‒, c’est s’en prendre à sa souveraineté et donc le perdre. Et il n’est pas improbable que ce soit là ce que Job commence à comprendre ici. Et s’il s’engage à faire silence, ce n’est pas parce qu’il s’avouerait vaincu, mais c’est plutôt parce qu’il s’apprête à entrer dans un temps de réflexion et à réviser sa compréhension de Dieu.
Philippe Nicolet
Prière:
Quand nous sommes ébranlés dans notre foi, délivre-nous, Seigneur, de toute crainte. Fais-nous découvrir, au contraire, l’amour que tu nous portes.
