Au-delà du mensonge (Genèse 27,1-17)

2024-04-13

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Il s'agit bien d'une tromperie, dont Rébecca est l'initiatrice. Son stratagème méticuleux, qui revient à abuser du handicap d'Isaac, devenu aveugle, est moralement condamnable. Jacob, sous son emprise, consent à cet acte qui lèse son père et son frère. Comme en d'autres endroits de l'Ancien Testament, le narrateur s'abstient pourtant de tout jugement! Il décrit avec précision les préparatifs de l'escroquerie, mais seul l'enjeu lui importe finalement: à savoir la déviation vers Jacob de la bénédiction d'Isaac, ce qui permettra l'accomplissement de l'oracle. La bénédiction est d'importance centrale: plus qu'une transmission de la force et du droit patriarcal, elle est la communication d'un don venu de Dieu, à l'instar de la vie elle-même. Toute existence et toute réalité émanent de la bénédiction divine. Cependant, peut-on admettre que le projet de Dieu utilise des canaux si répréhensibles? Contrairement à l'apparente neutralité du narrateur, ne devrions-nous pas être remplis d'indignation? Le sentiment d'indignation, si politiquement correct, suppose que nous nous placions du côté des justes. Mais ne sommes-nous pas, tous, du côté des injustes, des pécheurs? Vue de ce côté, l'histoire ne se révèle alors plus uniquement comme un amas d'atrocités et d'injustices, mais comme un chemin que couvre un immense pardon. A nous de lui faire porter des fruits!

René Blanchet

Prière:  

Seigneur Dieu, ne cesse pas de nous montrer la voie droite que tu traces dans le temps, en dépit des lignes tortueuses que nous suivons. Donne-nous de croire en la puissance de ta bénédiction et de ton pardon, plus forte que le mal.