Inutile ?
Vous êtes-vous déjà senti inutile. Moi ça m’arrive, et c’est à chaque fois quelque chose de difficile et de douloureux.
J’aime alors me souvenir de l’histoire de la brebis inutile que m’avait partagé il y a quelques années un aumônier protestant de l’armée française, après un exercice commun particulièrement raté.
Un père avait trois fils. Sentant sa fin prochaine, il les appela. A l'aîné il dit : "tu auras la moitié de mon bien". Au deuxième, " tu recevras le quart" et au troisième "je te laisse le sixième". Quand il mourut, les fils décidèrent de partager son héritage : 11 brebis, toute sa fortune ! A l'aîné revenait ainsi 5,5 brebis, au deuxième 3,75 brebis et au troisième 1,83 brebis. Le partage tournait au carnage ! Les frères alors se chamaillèrent. Les insultes volèrent, on allait tirer les couteaux lorsque l'aîné proposa d'aller consulter le sage de la montagne. Le vieux les écouta puis hocha la tête en disant : " Difficile. Mais je peux vous donner ma vieille brebis. Elle est maigre, décharnée et ne donne ni lait ni laine depuis longtemps. C'est ma brebis et elle est inutile. Prenez-là, et si un jour vous n'en avez plus besoin, rendez-là moi."
Rentrés chez eux, les 3 frères se trouvèrent alors devant 12 brebis. L'ainé en pris la moitié, soit 6 brebis. Le deuxième ¼, soit 3 brebis. Et le troisième 1/6, soit 2 brebis. Surpris, ils constatèrent qu'ils avaient bien entre eux tous 11 brebis et qu'il leur restait la brebis inutile qu'ils ramenèrent alors à son propriétaire.
Il n'y a parfois rien de plus utile qu'une brebis inutile ! Par sa simple présence, les couteaux sont restés dans leur fourreaux et l’harmonie a remplacé la haine. Et si, avec l'aide de Dieu, nous pouvions toujours être celle-là ?
Jean-Christophe Jaermann