Entre le marteau et l’enclume (Esaïe 30,1-17)

2022-12-19

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Un homme religieux qui émet des opinions politiques bien tranchées, et qui vont à l’encontre des choix effectués par le suzerain en place (le roi Ezéchias, bien qu’il ne soit jamais nommément cité dans le texte qui nous occupe), voilà qui est inhabituel pour nous autres réformés du 21e siècle! Et évidemment risqué. Mais Esaïe est, semble-t-il, un personnage important de la cour royale de Juda et il est écouté parmi les courtisans – sa voix n’est pas celle qui pèse le plus, puisque des émissaires ont déjà été envoyés en Egypte (v. 4). En quelques lignes, la géopolitique du royaume de Juda est malheureusement assez simple: le pays est coincé entre l’Egypte et les puissances qui contrôlent le nord du Proche-Orient (Assyriens, Babyloniens, puis plus tard les Séleucides). Ainsi, s’allier avec le sud, c’est s’aliéner le nord et vice-versa. Le choix est épineux. Mais que propose Esaïe? Nos informations sont parcellaires, mais la lecture du v. 15 nous ferait penser qu’il semble militer pour une stricte neutralité, en ne comptant que sur ses propres forces et en faisant confiance avant tout au Seigneur… Voie difficile, s’il en est! Hors de ces considérations géopolitiques, soyons interpellés par le fait que le porteur de mauvaises nouvelles reste, à travers les siècles, si peu écouté: «Ne nous prophétisez pas des choses justes, dites-nous des choses agréables.» Et nous? Sommes-nous capables de surmonter nos propres préventions et d’écouter attentivement des messages qui ne nous plaisent pas?

Robin Masur

Prière:  

Seigneur, peux-tu nous donner la maturité spirituelle qui nous rende capables d’écouter pleinement ce que nous ne voulons pas savoir?