Les récents événements du Crédit Suisse font réfléchir. Les commentaires vont bon train où les mots puissance, faiblesse, force et trop ou tout puissant, s’emmêlent à qui mieux mieux.
En matière de finance je n’ai aucune compétence et je me garderai bien du moindre commentaire sur le sujet. Cependant le terme puissance, voire toute-puissance, m’interpelle, lui, directement.
Ne parle-ton pas de la puissance, même de la toute-puissance de Dieu ? Mot redoutable en fait, car en l’attribuant à Dieu, que de choses aberrantes et dangereuses pour la foi n’ont-elles été dites !
Il y a tout d’abord un sens tout à fait acceptable. Parlant de la toute-puissance de Dieu, on exprime simplement qu’il est Dieu, qu’il est à une distance infinie de ce que nous sommes et qu’il n’agit pas à la manière des humains. Sinon il serait un potentat. La toute-puissance de Dieu est l’autre nom de sa transcendance.
Il y a en revanche une interprétation tout à fait pernicieuse, celle qui parle de toute-puissance absolue. Dieu serait d’autant plus Dieu qu’il pourrait faire les choses les plus extravagantes. Et il serait ainsi d’autant plus Dieu que sa puissance serait arbitraire. Méfions-nous, ce Dieu-là a surtout fait beaucoup d’athées.
Car la puissance de Dieu, telle qu’elle nous est révélée, est une puissance ordonnée, créatrice de sens et de salut. Dieu tout-puissant ne peut pas faire par exemple qu’il ne soit pas Dieu.
Et on comprend alors que la puissance de Dieu, est bien différente de la puissance de ce monde. C’est la toute puissance de l’Amour. Et c’est là que le mot « puissance » interpelle, car pour que l’Amour soit vrai, il ne peut qu’être dénué de tout pouvoir. Un Amour qui s’imposerait serait une caricature. Personne ne peut obliger à l’aimer ! En ce temps pascal, merci, ô Dieu tout-puissant de nous avoir donné Jésus, le Christ, dont la force s’est accomplie dans la faiblesse de la croix.
Jean-Christophe Jaermann