Message de Ste-Croix pour le culte du 7 juillet au temple de Chêne-Bougeries
Pierre, une figure marquante de Sainte-Croix, même s’il n’y est arrivé qu’à l’âge de la retraite. Nous nous souvenons de lui avec reconnaissance, paroissien fidèle, membre du groupe de prière et du Conseil de paroisse, organiste, actif chez les dentelières. Quand nous allions le visiter, il était toujours assis sous son lampadaire en train de travailler, lui le spécialiste de la frivolité. Eh oui, qui l’aurait cru capable d’effectuer des travaux minutieux à l’aiguille, lui qui était de constitution plutôt massive, un œil qui voyait bien au loin, l’autre de près. Je suis comblé, disait-il malicieux, ainsi je n’ai pas besoin de lunettes. Un humour qui lui a permis d’affronter beaucoup de malheurs, mais un humour nourri par une foi inébranlable. Pierre nous a impressionnés, tant de courage devant l’adversité, sa réflexion profonde toujours empreinte de spiritualité. Et devant l’orgue qu’il maitrisait, les pieds couraient sur le pédalier plus vite que sur le trottoir. Car il avait une démarche claudicante – ce n’était pas son seul malheur de santé, en tant que médecin retraité il m’en avait parlé, ses problèmes articulaires, intestinaux, métaboliques……ses derniers mois ont été bien assombris.
Un soir de décembre il y a quelques années, en sortant d’un concert de l’Avent, Pierre se fait renverser par une voiture sur un passage piéton. Polytraumatisé, fractures de la colonne cervicale et des jambes et lésions internes, il a failli ne plus se relever. Et pourtant, à force de volonté il est revenu à la maison. Mais lui qui était toujours le soutien de son épouse, à la fin on ne savait plus très bien qui soutenait qui. La vie est devenue tellement difficile qu’en début d’année ils ont intégré le foyer du Vallon conçu pour les malvoyants. Il n’a hélas pas pu en profiter, grabataire, souffrant jour et nuit, perdant ses forces à cause d’une complication opératoire qui ne pardonne pas.
Pierre était aussi malvoyant, mais aujourd’hui, nous en sommes convaincus, il voit, il voit son Dieu, son ami, face à face. N’est-ce pas, Maïtée, c’est cette conviction qui te tient debout.
Nous sommes ici pour représenter la paroisse réformée du Balcon du Jura, Sainte-Croix et environs. Pierre est dans nos mémoires comme un homme de foi, humble, ouvert, conciliant. Le lieu où il a eu son accident est maintenant doté d’un feu de circulation garantissant la sécurité des piétons. Quand nous y passons, et pas seulement à ce moment, nous disons MERCI PIERRE.
Paul Schneider