Message du Conseil d'État vaudois
"Chères Concitoyennes, Chers Concitoyens,
En 1832, l’assemblée des députés des cantons suisses réunis au sein de la Diète fédérale institua une journée de Jeûne officiel au niveau fédéral afin de dépasser les conflits confessionnels alors latents, dans un esprit d’unité confédérale. Aujourd’hui, nous prenons conscience que ce ferment d’unité qu’est le Jeûne fédéral peut aller au-delà des cadres prévus à l’origine.
Le Conseil d’Etat, pour la première fois cette année, convie en effet la Plateforme interreligieuse du Canton de Vaud à délivrer un message commun à l’occasion de cette journée particulière. Lieu d’écoute, de partage et de fraternité, la Plateforme interreligieuse regroupe les représentants des principales communautés chrétiennes, juives et musulmanes du Canton. En la conviant à son traditionnel message du Conseil d’Etat, le gouvernement vaudois renoue avec l’idée que les grands enjeux de société requièrent des réponses tant politiques que spirituelles.
Au vu de l’ampleur des enjeux auxquels la société est confrontée, l’union entre institutions séculières et religieuses semble adaptée aux circonstances. L’actualité nous montre en effet une réalité difficile à appréhender : nous passons d’une crise à l’autre ; crise humanitaire, climatique, sanitaire, sécuritaire, économique, énergétique.
L’année 2022 ne fait pas exception : le peuple vaudois sortait d’une longue période marquée par la pandémie et se réjouissait de lendemains plus heureux. Malheureusement, la situation s’est rapidement assombrie lorsque nous apprenions, abasourdis, qu’une nouvelle et violente agression se déroulait à nos portes avec, au travers de l’accueil de réfugiés notamment, des conséquences directes pour notre canton.
Par la suite, c’est la nature qui s’est embrasée…
Un tel contexte peut favoriser les sentiments d’anxiété et les attitudes de repli. Pour autant, la réponse commune du Conseil d’Etat et de la plateforme est de faire appel à l’unité. Unité tout court, d’abord, car l’actualité nous rappelle que nous sommes tous frères et soeurs, unis dans notre humanité par un destin commun au sein d’une Terre commune. Face à la crise actuelle l’humanité, menacée, doit apprendre à s’unir, par nécessité.
Unité dans l’adversité, ensuite, car dans l’adversité, l’unité se décline en amitié, solidarité et fraternité. Et une société unie, soudée, constitue un rempart à la violence.
Unité dans la diversité, finalement, car les différences sont sources de vie, de créativité, de nouveauté et d’innovation. Pour être plus forts ensemble, il nous faut donc apprendre, ou réapprendre, à cultiver la diversité à travers le respect, l’écoute et le dialogue.
Ce temps de jeûne nous est donné pour découvrir ce que les crises veulent nous rappeler : nous devons changer de comportement en modifiant nos habitudes et notre regard sur l’autre, prendre conscience de notre humanité, de ses richesses comme de sa finitude.
Sachons contribuer avec nos communautés religieuses à la fraternité. Que ce jour du Jeûne fédéral soit l’occasion de prendre le temps pour réfléchir à la dimension spirituelle de nos vies, à penser et agir ensemble, dans le respect et l’écoute des unes et des autres."