Les religions ont le sens de la provocation… Lorsqu’elles parlent du bonheur, elles disent qu’il est bien meilleur dans l’au-delà de notre vie, et ici-bas dans l’abandon de nos désirs charnels et matériels.
Notre corps et notre bon sens résistent. Nous, on veut un bonheur réel, c’est un des objectifs de tous nos efforts, atteindre un état de bien-être personnel et si possible collectif, le plus durable possible. Les Etats-Unis ont même inscrit le « droit au bonheur » dans leur Constitution. Ce ne sont que des mots, et les Américains ne sont pas les plus heureux du monde.
Dans les Evangiles, on trouve un texte fameux (Matthieu 5 ou Luc 6) qui pose les choses autrement : la première phrase est : « heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux ». Contraste fort. Normalement ce sont les riches qui sont heureux, mais les riches sont trop pleins, ils n’ont plus de place pour les autres… Il est vrai que le Royaume des cieux proclamé par Jésus a une dimension plus large que le temps et l’espace de notre vie et de notre planète, mais le verbe est au présent et ce Royaume est censé être au milieu de nous, même en nous ! Donc c’est pour tout de suite, et si cela ne semble pas être la réalité, alors la lutte doit s’organiser pour que cela advienne ! C’est le sens de ces paroles, qui dénoncent ainsi les injustices et l’inaccessibilité au bonheur pour tant de personnes dont les besoins de base ne sont pas comblés, alors que d’autres souffrent au contraire de leur obésité économique et de la lutte fratricide pour l’accaparement des ressources. Le bonheur personnel est relié à celui des autres, je le vois dans cette simple phrase tirée d’une lettre de l’apôtre Paul : servez-vous ! Choix entre l’accaparement de se servir soi-même le plus possible, ou le partage et le service mutuel. Dieu se trouve dans cette lutte, lui qui veut avant tout aider les humains à se laisser transformer le cœur. Le reste suivra.
Frédéric Steinhauer
