Vos lieux de culte Église 29

Il y a fort, fort longtemps…, j’ai reçu un vieux livre trouvé dans une benne de chantier, lors de la démolition d’une ferme de notre village. C’était une Bible, datant de 1745, reliée dans un cuir usé par le temps et par l’air d’un galetas oublié, dont les gravures avaient été arrachées, peut-être vues en définitive comme le seul intérêt de cet ouvrage. Et puis les cirrons, ces petits vers du bois et du papier, avaient malicieusement traversé les pages, creusant un labyrinthe comme seuls ils en ont le secret. Certains avaient tout lu !

Mais ce livre n’est pas juste un vieux livre, c’est une Bible. Avec de vieilles histoires, mais vieilles comme on aime voir les choses qui durent. Dedans il y a un Dieu qui parle, qui a parfois la voix fière d’un Père qui voit ses enfants grandir et vouloir être libres, tantôt usée tant il crie ou pleure devant leurs errances. Et il se tait, aussi. Dedans le livre il y a des mers, des ruisseaux, des montagnes et des déserts, un ciel habité, des ânes et des moutons, des figues, du blé, de la vigne et du foin. Ca sent bon, le foin. J’ai aussi trouvé une fleur, une pensée sauvage séchée au milieu des pages.

Et un peu vers la fin, une surprise, préparée longuement dans un demi-secret, entre les pages : Dieu, encore lui, qui se fait reconnaître dans la vie d’un Homme, et qui vient nous dire encore et encore, au-delà des lois religieuses figées, des rites usés par les habitudes, comment il serait bon de vivre ensemble. Un projet fou, mais plein de sens ! Il y a de l’inédit, dans ce qui est dit dans le vieux livre, du neuf, du jamais vu. Elle est encore aujourd’hui d’une belle actualité, cette oeuvre libre qui n’en finit pas de poser la question des origines : serait-ce lui qui nous a aimés le premier ?

Frédéric Steinhauer,

Pensée du jour

4e dimanche de l’Avent (Luc 1,57–66)

Lire la suite Proposé par : Pain de ce jour