Je me suis fait reprendre par ma petite-fille. Alors que je lui offrais une friandise à la guimauve enrobée de chocolat en disant - ah les vieux réflexes de mon enfance - « tu veux une tête de n…eige », le regard noir, elle a réagi « grand-papa, ça ne se dit pas, c’est interdit ! On dit tête de choco ! »
Bien sûr, elle a raison. Mais une gêne persiste. Je revois la tire-lire mythique de l’école du dimanche ; j’en ai quémandé des sous à mes parents, juste pour le plaisir de voir bouger la tête du « petit enfant de couleur » qui disait merci. Rien que d’y penser, je frémis. D’ailleurs, il n’en reste aucune de ces crousilles. Introuvables ! Elles ont toutes dû périr dans un autodafé bien-pensant. La gêne n’en reste que plus présente !
Comme je cherchais à y échapper, m’est revenue cette petite histoire.
Il était un exemple pour tous : bon paroissien, travailleur, exigeant jusqu’à l’extrême sur la conduite des siens, bien-pensant jusque dans l’accueil des étrangers dont il vaut mieux qu’ils restent chez eux ! Cependant, ce brave homme, un beau jour mourut.
D’un pas assuré, il arriva à la porte du Paradis. Un ange l’accueillit avec déférence, le fit asseoir, puis tapa son nom sur le clavier de son ordinateur. « Je regrette cher Monsieur, mais vous n’allez pas entrer sans autre ! - Impossible, rétorqua l’homme, j’ai toujours eu une conduite exemplaire ! Je veux m’adresser directement à Lui, dit-il en se levant pour se diriger vers la porte située derrière l’ange. - Pas de problème lui acquiesça l’ange, mais vous risquez d’être bien surpris. - Et pourquoi ? demanda l’homme. - Parce que Lui, il est n…eige ! » dit l’ange en souriant.
A partir d’un seul homme, Dieu a créé tous les peuples… Actes des Apôtres 17,26
Jean-Christophe Jaermann
