Une petite lettre qui change et… voilà un mot qui prend un autre sens, même si le son reste le même.
Si j’écris AVANT, avec deux A, je parle de ce qui était avant, c’est-à-dire de ce qui est déjà passé, ce qui est derrière nous.
Si j’écris AVENT, avec A et E, je parle alors d’avènement, de quelque chose qui va venir, qui va ad-venir, c’est à dire venir vers nous, qui va nous concerner.
Et là aussi, il y a un jeu de lettres, car avènement fait irrémédiablement penser à événement. Mais, là non plus, ce n’est pas pareil. Comme si ces deux mots, dans leur proximité, voulaient pointer quelque chose de fort.
L’événement, c’est bien, c’est sûrement important, c’est parfois excitant, c’est souvent surprenant. Il fait ainsi la une des journaux, le scoop… Tandis que l’avènement, c’est autre chose : c’est une réalité que l’on attend, sans la connaître encore. On en a le pressentiment ou une connaissance floue, mais c’est quelque chose que l’on porte en soi. Bien sûr, on dit d’une femme enceinte qu’elle va connaitre « un heureux événement ». Mais c’est beaucoup plus que cela : c’est un avènement, celui de l’enfant bien réel, et pourtant encore invisible. Toutes les échographies n'empêchent pas cette mystérieuse obscurité. Sa naissance, son avènement, changera tout.
Dites-moi, n’est-ce pas un peu cela le temps de l’Avent, ces semaines où fermentent en nous les temps de l’éclosion. Si nous savions porter le Christ comme la femme porte l’enfant à naître, si nous étions capables de vivre notre attente comme celle d’un véritable avènement ? Peut-être alors que notre Avent en serait changé, et que la Nouveauté de Noël éclaterait comme cette lumière dont nous avons tellement besoin.
Jean-Christophe Jaermann