Amour
C’est un mot difficile, un mot piégé. En Eglise, un des mots les plus souvent prononcés… et peut-être malmené ! Alors qu’il est si beau. Que je l’aime ce mot : amour ! J’ai souvent eu envie de dire tout mon amour pour ces cinq lettres. Mais à chaque fois, au dernier moment, je me suis dégonflé. Cette fois je vais essayer, même si je tremble un peu.
Prononçons-le tout d’abord ce mot : « AMOUR ». Ecoutons… Comme il sonne bien : trois sons. Oui, « AMOUR » est trinitaire ! « A » d’abord, comme un espace qui s’offre, Dieu m’ouvre ses bras… Puis « MOU » tout de douceur, comme une caresse qui m’enveloppe, le Christ me serre contre lui… Et enfin « R » le retour à la réalité est rugueux, l’Esprit-Saint est bienveillant, mais sans complaisance !
Mais en fait, que dis-je vraiment lorsque je parle d’amour ? Le champ des sens est si vaste qu’il est ambigu. Peut-être cette piste : les Grecs, lucides et synthétiques usaient principalement de trois mots pour dire amour : eros, philia et agapé. Regardons !
Eros : le manque et la passion amoureuse disait Platon. Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque : « Je t'aime, tu me manques, je te veux ». C'est l'amour qui prend, qui veut posséder et garder.
Philia : l’amour qui se réjouit du bonheur de l’être aimé disait Aristote. Plaisir de l’acte de s’aimer, bonheur de l’amour partagé entre parents et enfants, de l’amitié avec les amis vrais.
Agapé : le mot a dû être inventé pour dire l'amour auquel nous sommes invités par Dieu. Un amour qui n'attend rien en retour d'autre que le bonheur de pouvoir aimer. C’est l’attitude du respect par excellence, celui que tout le monde devrait pouvoir transmettre pour que cesse la violence et que naisse la paix.
Trois mots, comme les trois axes d’un espace, l’espace de Vie, où Dieu compte sur nous pour la célébrer.