Jean-Christophe Jaermann a débuté son activité au début du mois de décembre dans le trio de paroisses Echallens – Haute-Menthue – Talent. Afin de faire plus ample connaissance, il a accepté de répondre à quelques questions.

Qui est Jean-Christophe Jaermann ?
Je m’appelle Jean-Christophe Jaermann, avec ae en « bon » vaudois ou ä pour assumer mon ascendance bernoise. Je suis marié à Isabelle, qui est musicienne, cheffe de chœur, et ensemble nous sommes parents de 3 enfants, Caroline, Brigitte et Olivier, et grands-parents de 5 petits-enfants. J’ai 70 ans depuis le 9 août dernier et suis désormais… un pasteur retraité. 
Si je reprends du service, désormais comme vicaire, c’est qu’ayant commencé mes études de théologie sur le (très) tard, j’ai toujours du bonheur à vivre un ministère de proximité qui fait profondément sens pour moi.
Je peux dire encore que j’aime passionnément chanter, jouer et… écouter. La musique est vitale pour moi. Marche et vélo sont deux activités que je pratique avec bonheur. Nous rentrons d’ailleurs Isabelle et moi d’un périple de plusieurs semaines de Ste-Croix à Nantes, à pied jusqu’à la Loire puis à vélo le long de son cours. La famille et les amis sont essentiels ! J’aime aussi cuisiner, et ça va de 1 à 250 personnes. Et je terminerai par tout ce qui touche au respect de l’environnement qui aura en fait guidé toute mon activité professionnelle, de l’épuration des eaux à la Transition Ecologique et Sociale (TES) dont j’ai été l’ambassadeur ces 2 dernières années pour la Région Nord vaudois à côté de mon poste au Balcon du Jura.

D’où viens-tu ?
J’ai une formation première d’ingénieur civil, mais j’ai vécu en fait quatre métiers différents. D’abord comme ingénieur pendant une dizaine d’années, puis comme analyste de systèmes d’information, et enfin comme directeur d’une société d’ingénierie jusqu’en 2002, année où j’ai pris la décision de commencer des études de théologie en vue de devenir pasteur.
J’ai été consacré en 2010 après avoir eu la chance de faire, en même temps que mon master, mon stage pastoral avec Pierre-André Schütz dans la paroisse de Curtilles-Lucens, puis ma suffragance et un premier poste pastoral dans la paroisse du Jorat. En avril 2014, nous sommes « montés » au Balcon du Jura où j’ai vécu un ministère de 10 ans, passionnant, riche de l’humanité de ces « gens d’en haut ». 
J’habite toujours la cure de Sainte-Croix avec Isabelle et aussi depuis 2019, Samson, un jeune Erythréen arrivé en Suisse comme mineur non accompagné, qui termine avec panache un CFC d’électricien.

Que signifie pour toi être chrétien ?
Pour moi, être chrétien signifie que Jésus, le Christ, est au cœur de ma spiritualité. C’est Sa parole et Sa vie, dans ce que me révèlent les quatre évangiles, qui fondent ma relation à Dieu, le « comment » je perçois Dieu.
C’est, par conséquent, toujours dans une lecture à partir des évangiles vers le Premier testament ou vers les autres écrits du Nouveau testament que je me laisse interpeler dans ma foi. Une foi qui est loin d’être « un long fleuve tranquille », car toujours à l’épreuve du réel qui forme un tout homogène et cohérent. C’est-à-dire et c’est pour moi fondamental, qu’il n’y a pas d’un côté le domaine de Dieu et de la foi qui aurait sa logique propre et de l’autre, le domaine du profane qui obéirait à d’autres règles. 

Quelle est ta relation à Dieu ?
Elle est à la fois toute simple et compliquée. 
Toute simple, car c’est une relation de confiance absolue. Je crois que Dieu nous aime inconditionnellement, sans condition, et que nous comptons infiniment pour Lui.
Compliquée parce que ce sentiment est non objectivable. Il est de l’ordre du « je crois » et non du « je sais ». Et dire alors Dieu dans la réalité du monde en affirmant qu’il est à la fois tout-puissant et infiniment bon n’est pas simple. Il faut comprendre que ce Dieu que l’on dit tout-puissant se révèle auprès de nous dans la toute-impuissance de l’amour, à l’image du Père dans la parabole du Père et des deux fils. Je crois ainsi à un Dieu présent, jamais pesant, qui nous donne d’être. Nous ne sommes pas des marionnettes dont il tirerait des ficelles. Aussi, lorsqu’on parle de la toute-puissance de Dieu, on parle d’une puissance infinie non pas au sens où elle pourrait tout, mais parce qu’elle n’a pas de fin. Une puissance qui s’évalue non pas en quantité, mais en qualité. Une puissance qui nous accompagne dans notre quotidien. Ainsi je crois à la puissance active de l’Esprit-Saint qui toujours de manière indirecte, par nous, tente de faire triompher l’Amour… c’est-à-dire la Vie. Et là, à nouveau, il y a beaucoup à dire, à méditer… 

Comment as-tu découvert la Foi ?
C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre. Non pas qu’elle serait taboue ou qu’elle dévoilerait un quelconque secret. Parler d’une « découverte de la foi » n’a simplement pas de sens pour moi. Ce que je peux dire, c’est que, d’aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai ce sentiment d’être aimé de Dieu. Et si, dans sa forme, sa compréhension, sa dimension, ce sentiment a changé et même considérablement, sur le fond j’ai toujours gardé ce formidable sentiment de non-peur et de joie profonde qui me lie à Dieu. 

As-tu toujours été croyant ?
Oui. Comme je l’ai déjà dit, c’est depuis toujours… une évidence. Et c’est surtout le plus formidable des cadeaux que j’ai reçus, et un grand mystère !

Y a-t-il eu un moment particulier dans ta vie qui t’a mis ou a mis ta foi à l’épreuve ?
Oui, et ça a été durant mes études de théologie, entre la première et la deuxième année. C’est peu dire que ces premières années ont remis en question toute ma façon de croire et de me situer dans la vie. Une révision fondamentale et implacable. J’ai ainsi le souvenir de cette métaphore : un verger dont tous les arbres ont été coupés… souches à blanc et troncs couchés… sentiment de non-sens absolu avec pourtant cette certitude paradoxale que quelque chose allait repousser… et que ce serait bon. Et c’est ce qui s’est passé ! Jusqu’à aujourd’hui, je reste porté par « ce qui a repoussé ». Et même si, trop souvent, je peux me sentir bien démuni face à tant de situations difficiles, souvent gauche et maladroit… je sais d’expérience et je ne finis pas de m’en étonner et de rendre grâce, que je peux compter sur Dieu… pour autant que mon ego lui laisse la place ! 

Y a-t-il un moment dans ta vie qui a renforcé ta Foi ?
Oui, notamment tous ces moments dont je viens de parler précédemment. Et la musique aussi qui, lorsque je l’écoute, vraiment, rend concret le mot transcendance. J’ai ainsi une reconnaissance infinie envers Bach, Brahms, Ravel, Hindemith… pour ne citer qu’eux.

Que signifie pour toi être pasteur ?
Être présent, être à l’écoute ! Et répondre du mieux que je peux, bien modestement mais avec l’aide de Dieu, à celles et ceux qui attendent quelque chose qui donne ou redonne sens à ce qu’ils vivent. J’ai reçu, comme je l’ai dit, un cadeau inestimable, cette foi de charbonnier, source de paix et d’une joie profonde extraordinaire… Lorsque je peux partager cela, dans un accompagnement spirituel responsable, aussi respectueux que structuré, j’entends le rôle de passeur… un passeur qui vient faire écho cette parole définitive de mon oncle qui était pasteur à Aigle, devant mon espérance d’être un jour un bon pasteur : « Si tu veux être un bon pasteur, tu ne seras jamais un bon pasteur ! » 

Que souhaites-tu apporter dans les paroisses ?
Une paroisse, ce sont des femmes, des hommes, jeunes et moins jeunes, qui ensemble forment une communauté. Dans ce ministère d’appui aux trois paroisses, je viens en premier lieu apporter un soutien à mes collègues en place pour qu’ensemble nous offrions un maximum de présence, de force et de compétences pour les faire vivre. En résumé : être simplement une personne ressource ! 

Que ressens-tu lorsque tu vas au culte ?
Avant tout, un privilège ! Celui de prier, chanter, méditer la Parole de Dieu, partager la cène, vivre une célébration avec d’autres personnes, librement, dans une culture qui respecte la dimension spirituelle de l’humain. Et de pouvoir alors partager ce qui m’anime existentiellement, essentiellement, m’enrichir de la spiritualité de celles et ceux que j’y rencontre est une source perpétuelle d’émerveillement et de reconnaissance.
 

Y a-t-il un moment dans ta vie qui a renforcé ta Foi ?
Ce sont ces mêmes moments que ceux qui me mettent le plus à l’épreuve. Face aux pressions que je me mets à moi-même à vouloir agir de la manière parfaite, je redécouvre sans cesse cet Amour sans conditions qu’Il me porte – et cela me fait tellement de bien ! Parfois, c’est une discussion avec une personne, un temps d’amitié ou encore de repos qui me permet de m’en rendre à nouveau compte.

Que signifie pour toi être pasteure ?
Je crois et j’aime ce Dieu incarné en Jésus-Christ qui nous parle d’un amour inconditionnel si fort qu’il nous permet à notre tour d’aimer inconditionnellement nos frères et sœurs en humanité. En tant que pasteure, je souhaite pouvoir transmettre ce message d’Amour. Cela, je le fais non seulement en parlant de ma lecture de l’Évangile et en accompagnant les personnes sur leur chemin de vie. Mais je le fais aussi en soutenant les activités qui permettent aux personnes d’en faire l’expérience puis en leur donnant les moyens d’en témoigner à leur tour. J’aspire à accompagner les personnes à pouvoir s’exprimer de leur propre manière et avec leurs passions et dons sur comment elles vivent cet Amour.

Que souhaites-tu apporter dans les paroisses ?
Plus que mon propre apport, je souhaite que chacun·e puisse se sentir libre et appelé·e à partager aux autres ce qui l’anime et à faire profiter la vie de la paroisse de ses dons. C’est en tout cas ce que je vais essayer de faire moi-même. Je suis convaincue par le travail d’équipe et la collaboration, pas qu’entre professionnel·le·s mais avec chaque membre de la paroisse ou toute personne intéressée à partager quelque chose à la communauté : c’est toutes et tous ensemble que nous formons et contribuons à l’Église. Peut-être donc que je souhaite être au service de cet état d’esprit, que je perçois comme déjà présent dans la paroisse.

Que ressens-tu lorsque tu vas au culte ?
Je me sens plus disponible pour me laisser interpeller par l’Évangile. Être en bonne compagnie, ça aide ! Pendant le culte, je me sens reliée aux autres d’une manière différente que d’habitude, particulièrement pendant la cène où je pense à toutes les personnes qui ont, elles aussi, vécu ce rite, ici-même ou ailleurs, depuis des centaines d’années et avec qui je me sens subitement en lien. L’Amour de Dieu traverse le temps et les frontières.

Que représente Noël pour toi ?
Ça représente la famille ! Tout d’abord, parce que, pour celles et ceux qui le peuvent, on prend le temps de fêter et de se retrouver avec ses proches, un moment où on se rappelle l’affection qu’on se porte les uns les autres. Aussi, parce que ce récit inaugure une nouvelle manière de faire famille avec la naissance de Jésus : que ce soient Joseph et Marie, les mages ou les bergers, tous sont unis devant le Christ.

Que représente Pâques pour toi ?
De mes 14 à mes 25 ans, j’ai participé chaque année au camp de mon groupe JP qui se déroulait à Pâques. C’était l’occasion de se rassembler, de passer une semaine hors du temps où on pouvait avoir un avant-goût de l’ambiance du Royaume de Dieu, une ambiance de Résurrection. Ces souvenirs m’accompagnent et font que Pâques représente pour moi la fête de la Joie, de la communauté qui se rassemble pour célébrer le fait que la Vie est plus forte que la Mort.

Pensée du jour

Attention ! Ne faites pas comme les maîtres de la loi ! (Luc 20,41-47 "v. 46")

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