Nasr Eddin
Les histoires de Nasr Eddin viennent de la tradition soufie. De façon souvent absurde et parfois irrévérencieuse, le personnage principal nous ramène au concret de notre condition humaine.
Comme dans cette histoire où les grandes vertus ne sauraient faire oublier les besoins les plus terre-à-terre…
Un de ses anciens élèves de la médrese est venu rendre visite à Nasr Eddin:
– Hodja, je suis là pour te poser une question sur le sens de la vie, à toi qui es un homme heureux…
– Moi, un homme heureux? s'étonne Nasr Eddin. Que veux-tu dire?
– Eh bien, que tu auras eu durant ton existence tout ce qu'un homme peut désirer avoir.
– Tu te trompes, Nédim. Pour parvenir au bonheur suprême, il m'aura manqué deux choses: piété et bonté.
À ce moment-là, Khadidja passe la tête par la porte de la cuisine:
– Hé! mon mari, si tu vas au village, on manque de charbon de bois…
– Non, trois choses, rectifie aussitôt le Hodja: piété, bonté et charbon de bois.
(de Jean-Louis Maunoury, Absurdités et paradoxes de Nasr Eddin Hodja)