Chronique du cahier régional de février 2025
Paru dans le cahier régional de février 2025
L’ANCRE, LIEU DE SOLIDARITE DE LA REGION
On peut faire quelque chose
A l’Ancre, nous accueillons une bénéficiaire qui vient d’apprendre qu’elle a un cancer aux poumons. C’est le cinquième cancer qu’elle affronte. Et donc, en ce qui la concerne, c’est la cinquième fois qu’elle est sous chimiothérapie, la cinquième fois qu’elle perd ses cheveux, se sent mal. Elle fait face à la souffrance dans sa chair et dans son cœur. Elle a peur de mourir, peur de souffrir encore. Elle est épuisée physiquement et psychologiquement. Affronter un cancer est déjà une épreuve terrible, mais cinq ? Sa situation est inimaginable.
On comprend, on compatit, on accompagne… mais on ne peut pas vivre cette épreuve à sa place.
Dès lors, comment l’aider vraiment ? On aimerait allumer en elle une étincelle d’espoir, lui donner envie de sourire, lui montrer que la vie est quand même belle. On aimerait lui donner la force de se battre contre cette maladie qui la dévore de l’intérieur.
Pourtant, quand je lui ai demandé de quoi elle avait besoin, sa seule réponse fut : « J’ai peur d’être seule. »
Rien à voir avec ce que nous avions projeté sur ses craintes et ses besoins. Elle est prête à affronter les traitements et leurs effets secondaires, elle accepte peut-être même l’idée de mourir. Mais pas seule. La solitude est peut-être bien le cancer de notre société. Et c’est celui qui fait le plus mal. Car si être solitaire est un choix, la solitude ne l’est pas. La Bible l’affirme également dès le premier livre : « Il n’est pas bon pour l’humain d’être seul » (Gn 2, 18).
Face à un cancer, on ne peut qu’espérer en la médecine et prier… mais face à la solitude, on peut faire quelque chose ! On a bien sûr la possibilité de rendre visite aux personnes seules que l’on connaît, mais il y a d’autres options. On peut dire bonjour aux gens que l’on croise. On est sûrement en mesure de donner un coup de fil pour prendre des nouvelles. On peut soutenir des associations qui ont l’accueil comme mission. Il y a mille façons de lutter contre ce cancer de la société. Et soyez certains que lorsque l’on donne, on reçoit en retour.
Réjane Marti, responsable de l’aumônerie de rue de l’Ouest lausannois, l’Ancre
Chemin des Glycines 5, Chavannes-près-Renens
Pour nous soutenir : IBAN CH66 0900 0000 1000 41460
Nous cherchons un(e) bénévole pour nous aider le vendredi entre 10h et 14h. Bon niveau de français nécessaire. Pour toutes questions : rejane.marti@eerv.ch
Chronique du cahier régional de déc 2024 - janvier 2025
Les Figues
« Un jeune homme du nom d’Imran s’était retrouvé perdu dans le désert. Voilà deux jours qu’il errait, affamé. Heureusement il lui restait de quoi boire. Mais la faim le tenaillait, il n’était que douleur et faiblesse. Finalement un soir Imran arriva près d’une ville. Il se laissa tomber au pied d’un mur et dans la pénombre découvrit un sac rempli de figues ! Il en porta une à ses lèvres : elles étaient juteuses et savoureuses ! Quel délice ! Quel apaisement pour son estomac ! Il alluma son briquet pour contempler ces fruits merveilleux.
Ils étaient remplis de vers. Imran éteignit son briquet et continua à manger. »
Quelle horreur ! Je ne pourrais jamais faire ça !
Vraiment ?
Il me semble au contraire, que nous sommes pareils à Imran, satisfaits de vivre dans nos obscurités et de manger des vers que nous connaissons. On court après des idoles que nous savons contraires au chemin que nous montre le Christ… toujours plus d’argent, toujours plus de followers sur les réseaux, toujours plus d’activités dans nos agendas, de faire-valoir, on se construit de superbes œillères pour ne pas voir la souffrance du voisin, on juge, on critique… on n’allume même plus notre briquet ! On mange nos vers avec autant de contentement qu’Imran. Lui, au moins, il sait pourquoi il ferme les yeux : il a faim, il doit absolument se nourrir. Et nous, de quoi avons-nous faim ?
Jésus, bien avant de monter sur la croix pour nous sauver, est venu allumer ce briquet pour nous. Dans l’humilité de la crèche, il nous dit avec douceur : « regarde, il y a quelques vers, nous pourrions trouver de meilleures figues ensemble. » Plus tard, il nous le répètera : « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi, n’aura plus faim ; et celui qui croit en moi, n’aura jamais soif. »
Réjane Marti, responsable de l’aumônerie de rue de l’Ouest lausannois, l’Ancre
Chemin des Glycines 5, Chavannes-près-Renens
Pour nous soutenir : IBAN CH66 0900 0000 1000 41460