Le récit de la résurrection garde toute son actualité, dans notre monde où les problèmes sont fréquents, mondiaux et portés à nos oreilles. En effet, face à la crise écologique, on aurait tendance à baisser les bras. Face aux crises sanitaires, on a l’impression que rien ne va jamais plus être comme avant. Face aux violences, on se dit que c’est tout le temps la même chose.
Les temps sont durs, les mots et les maux également. On parle de «dépression verte», de «névrose climatique», d’ «effondrement », d’ «extinction», de «collapse». Des mots qui sont là pour éveiller les consciences mais qui réveillent également des angoisses de mort et de fin du monde.
La Bible regorge elle aussi de moments difficiles, rudes, de famines, de détresse, de violence, de maladies… Mais « la Bible regorge d’images de désolation changées en fontaines d’espoir, de déserts qui refleurissent, de tempêtes apaisées, de vignes qui reverdissent, d’ossements desséchés qui reviennent à la vie, d’enfants qui retrouvent leur famille. Et le témoignage de la résurrection de Jésus nous remplit également d’espérance» (David Fines et Norman Lévesque)
Dans ce récit, il y a trois personnages, trois attitudes face à cette incroyable nouvelle. Chacun.e de nous porte en lui, en elle, un peu de ces trois personnages.
Croire avec espérance.
Le disciple qui court. Bien qu’il ne soit pas le premier, il entre. Il voit le vide et il croit ! Incroyable. Il croit sans rien voir. Il croit l’incroyable, que Jésus est vivant. Jésus le Christ est ressuscité ! En nous, parfois, il y a cette confiance, cette espérance: Oui, la vie est plus forte que la mort. Oui, au bout du tunnel, il y a la lumière. Lorsqu’elle est là, cette graine d’espérance, arrosons-là, car c’est elle qui nous permet de croire sans voir, d’oser des actions impossibles, car nous savons qu’avec Dieu, c’est possible.
Croire ou ne pas croire
Pierre qui court, mais qui s’arrête. Il n’entre pas. Il voit. On ne sait pas s’il croit ou pas. On s’imagine qu’il est perplexe. Il s’interroge. Est-ce vraiment vrai? Le Christ est-il vraiment ressuscité? En nous, parfois, il y a ces questions, des doutes : est-ce vraiment vrai? Prudence, il ne s’agit pas d’agir sans commune mesure. Lorsqu’ils sont là en nous, ces bulbes de modération... Osons faire le pas suivant comme Pierre qui entre dans la tombe et osons les planter même en plein hiver, car le printemps arrivera et ils donneront des fleurs eux aussi. Osons les petits pas, car pas après pas, la vie reprend.
Croire grâce à une présence
Marie qui part tôt le matin, qui veut prendre soin du corps de Jésus. Marie pense qu’on a enlevé son Seigneur, qui part chercher de l’aide. Marie, la première, qui témoigne de cette rencontre avec Jésus le Christ. Marie qui regarde mais qui ne voit pas. Elle est tellement obnubilée par cette tristesse d’avoir perdu Jésus... Marie, qui entend son prénom, et qui découvre alors le Vivant.
En nous, parfois, il y a ces tristesses qui doivent s’exprimer, qui ont besoin d’une présence. Marie ose dire sa souffrance, sa tristesse. Elle ne mâche pas ses mots. Lorsque cette tristesse est là en nous, osons dire, parler et accueillir cette présence en nous. C’est ainsi que la tristesse peut devenir Source en nous.
Cette voie de l’Espérance ne fait pas l’économie de la mort, mais nous dit que Dieu espère toujours en l’être humain, comme dit le Pape François : «Cependant, tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose. Ils sont capables de se regarder eux-mêmes avec honnêteté, de révéler au grand jour leur propre dégoût et d’initier de nouveaux chemins vers la vraie liberté. (…) Je demande à chaque personne de ce monde de ne pas oublier sa dignité que nul n’a le droit de lui enlever. » (in Laudato Si')
La résurrection ouvre sur une joie durable qui nous invite à une action, telle Marie qui va annoncer aux autres de cette vie. En effet, la foi du disciple, celle de Marie, est une foi engagée. «La foi des premiers chrétiens n’était pas simplement une croyance théorique, mais aussi une croyance pratique: elle englobait des choix de vie, une manière de consommer, un mode de rapports interpersonnels, un certain type de vie communautaire, etc. C’est la question de cette foi comme mode de vie que la problématique écologique fait ressurgir aujourd’hui. » (Frédéric de Coninck, “La foi comme mode de vie” dans Information-Evangélisation, EPUF, 2013, p.65)