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Touché et être touché !

« Le sens de l’odorat est aujourd’hui particulièrement déprécié et, contrairement aux autres sens, il est perçu comme un sens “animal”, qui, dans une société qui tend à stigmatiser et faire disparaître les odeurs, est menacé de dégénérescence. Il a pourtant une relation étroite avec la zone du cerveau qui gouverne la mémoire et les émotions. En effet, l’odorat n’est pas un sens comme les autres, les goûts olfactifs varient d’une personne à l’autre et sont directement liés à notre histoire personnelle, à nos émotions.
Sa mécanique est particulière : à la différence des autres sens, l’odorat transmet le message nerveux d’abord à la partie inconsciente de notre cerveau, le cerveau ancien (ou reptilien-instinctif) et le cerveau moyen (mémoire-émotion). Quand on dit par exemple de quelqu’un qu’il est “puant”, qu’on ne peut pas le “blairer, le sentir, le piffer”, c’est l’instinct qui parle. […] De fait, l’odorat joue un rôle capital dans les relations sociales.
Les odeurs corporelles ont presque toujours repoussé ou attiré. […] Par ailleurs, une société trop parfumée est une société qui ne supporte plus l’idée de la mort, elle la refoule, la mauvaise odeur alors c’est putride. Diffuser des odeurs florales, boisées, épicées qui sont des odeurs de vie, c’est une façon d’oublier que nous sommes des êtres vivants, appelés à la putridité et à la mort. »

(Catherine AUBIN, Les fenêtres de l’âme : Aimer et prier avec ses cinq sens, Cerf, 2010, pp. 124-125)

Pourtant, notre odorat est intimement lié à nos émotions, donc à la vie. Ainsi que le disait Kipling, « pour faire vibrer les cordes du coeur, les odeurs sont plus sûres que ce que l’on voit ou ce que l’on entend. » Les odeurs ont un pouvoir d’évocation puissant, elles peuvent nous ramener instantanément à un épisode, même très ancien, de notre existence. À l’inverse, être privé de sa capacité de sentir les odeurs revient à perdre également la capacité de ressentir. C’est ce que de nombreuses personnes ont expérimenté, de manière brève ou plus longue, après une infection au Covid-19 : la perte de l’odorat isole, renferme sur soi-même et fait perdre en quelque sorte le goût même de la vie. Quant aux parfums, subtiles et éphémères, ils jouent depuis fort longtemps un rôle important dans la vie des êtres humains. Ils sont habituellement associés à une sensation agréable. Dans l’Orient ancien, ils étaient souvent utilisés comme signe d’accueil et marque de respect envers un hôte. Ils étaient également très présents dans la vie religieuse, sous forme d’huile (pour l’onction des rois et des prêtres) ou de résines que l’on brûle : l’encens devient ainsi le symbole de la prière du fidèle qui monte vers Dieu. Dès l’Antiquité, les substances qui servent à créer des odeurs se retrouvent sur les routes commerciales, avec tout ce que cela suppose d’obstacles à franchir et de périls à affronter. Cela explique que les parfums sont le plus souvent vus comme des biens précieux. Ainsi en est-il du nard57, parfum dont il est question dans le récit évangélique de cette séquence : venue de l’Himalaya, sa racine est utilisée pour fabriquer une huile dont se servent la médecine ayurvédique, les Égyptiens ou les peuples du Moyen- Orient. Le nard entre dans la confection des parfums, de l’encens ou est utilisé comme sédatif. Il est considéré comme un produit de luxe.

Pensée du jour

Proverbes 17,22

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