"Appelé.e.s à le suivre"
Lecture de Marc 1,16-20
16Jésus marchait le long du lac de Galilée lorsqu'il vit deux pêcheurs, Simon et son frère André, qui pêchaient en jetant un filet dans le lac. 17Jésus leur dit : « Venez avec moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes. » 18Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et le suivirent. 19Jésus s'avança un peu plus loin et vit Jacques et son frère Jean, les fils de Zébédée. Ils étaient dans leur barque et réparaient leurs filets. 20Aussitôt Jésus les appela ; ils laissèrent leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers et allèrent avec Jésus.
Prédication
Chers frères et sœurs en Christ,
“And so even though we face the difficulties of today and tomorrow, I still have a dream.”
Je vous dis aujourd'hui, mes amis, que malgré́ les difficultés et les frustrations du moment, j'ai quand même un rêve.
Martin Luther King Jr, vous le savez, avait un rêve. Celui de la justice. Celui de l’égalité. Celui de la fraternité. Alors, en choisissant le nom d’« Eglise Martin Luther King Lausanne », le conseil de transition a pris une option, une option sur le rêve. Oui, ce matin, je nous propose de rêver. Ça vous dit, une rêve party ?
Et vous, quel est votre rêve pour le monde ? quel est votre rêve pour l’Eglise ? quel est votre rêve pour vos enfants ? et vous les enfants, quel est votre rêve ? Vous allez pouvoir le dessiner…
Moi cela fait un moment que je rêve. De ça. De aujourd’hui. De vous, de nous, du gospel, et du Christ au centre. C’est un peu émouvant, quand même, de voir un bout de ses rêves se réaliser. Ca fait un moment que je médite ce texte d’un jeune théologien suisse qui a écrit ceci :
« L’Évangile est un rêve. C’est une grande histoire qui commence bien, qui tourne mal — et qui finit très bien. (…) Il ne s’agit pas seulement de rêver seul dans son coin, mais de rêver à plusieurs. Partager nos rêves pour qu’ils prennent de l’ampleur, s’incarnent, et que certains fassent advenir un bout de futur dans le présent. (…) Dans ce contexte, rêver est un acte de résistance.
Oui je le crois vraiment, rêver est un acte de résistance. Résistance à quoi, ces temps ? Résister à la morosité ambiante, je dirais même à la désespérance chronique dans laquelle nous sommes embourbés. Résister à l’idée que les Eglises se vident et se meurent à petit feu (on le voit bien ce matin !). Résister la discrimination et au jugement rapide sur les pro-ci ou anti-ça. Résister à la précarité renforcée par le COVID, au sentiment de crise morale et existentielle de notre société. Résister, par le rêve. Et parce que de rêver, ça fait juste du bien.
Oui j’ai des rêves à la pelle. D’espérance. D’amour. D’encouragement mutuel. De confiance retrouvée. De communauté telle un corps. Des rêves qui s’ancrent dans l’Evangile de Jésus Christ, des rêves qui s’ancrent en Christ. Car c’est lui, le centre. C’est lui la tête du corps.
Mais pour ne pas être taxés de rêveurs, si j’avais pris un objet ce matin cela aurait été : une pelle,une g’osse pelle (musicale, hein, pas un g’osse pelle à neige). La pelle en Christ. Celle bien connue chantée dans le cantique 36-08 Ô jésus tu nous as… pelle ! La pelle, sans le seau et le sable, mais la pelle des 10 sciples (ils étaient pas 12 ?).
Mais je m’égare avec mes gags à la pelle. Regardez André et Simon, posés au bord du lac de Galilée avec leurs filets de pêche. Regardez Jacques et Jean, fils de Zébédée, sur leur barque, en attente de poissons. Au début du récit, ils semblent comme immobiles. Comme embourbés dans leur réalité monotone et sans goût, chaque jour ressemblant aux précédents. Ces 4 hommes, ce sont de simples pêcheurs. Pas des savants ou des grands notables, non des gens simples. Pas des profs d’université ou des gens de la haute, non des gens du bas peuple. Si on devait trouver une comparaison actuelle, on pourrait imaginer que ce sont des jeunes sur les marches de l’église St-Laurent à Lausanne. Assis sur les marches, après avoir fini leur MacDo, qui les a laissés sur leur faim.
Puis vient l’appel. Jésus marche, il est en mouvement. Et il les appelle à se mettre en marche eux aussi. Et le pire, c’est que ça marche (si j’ose dire) :
18Aussitôt, ils laissèrent leurs filets et le suivirent.
Mais qu’est-ce que Jésus a bien pu leur dire pour qu’ils quittent aussitôt leur vie et se mettent à le suivre ? Imaginez le Christ qui se baladerait à St-Laurent et lancerait cet appel aux gens assis sur les marches : « Venez avec moi et je ferai de vous des pêcheurs d'hommes. » « Euh, mais vous êtes qui au fait ? c’est quoi le but ? vous avez fait un projet ? avez-vous consulté les différents intervenants ? vous avez les autorisations nécressaire ? Quand vous dites « pécheurs d’hommes », c’est en accord avec la convention de Genève ? et que dit votre budget ? Parce que vous savez, sans dossier, moi je peux pas… » Vous voyez la suite.
Qu’a dit Jésus ? regardons les mots du texte, ils ont leur importance. Jésus dit très simplement: « Venez (…) et je ferai de vous ». L’appel vient de lui, comme une invitation, c’est la première étape. Mais la décision leur appartient, aux disciples, comme elle nous appartient. Nous sommes libres de décider de le suivre, ou non. Zébédée, d’ailleurs, reste dans la barque… Au fond, Jésus a su voir derrière de simples pêcheurs des hommes capables de répondre à son appel à être les annonciateurs de son Evangile. Il les invite à venir à sa suite : ce n’est pas tant une question de croyance qu’une décision de le suivre dont il s’agit. Une décision de suivre le Christ, de le mettre au centre.
Car la 3e étape, après l’appel qui est du ressort du Christ, et la réponse qui nous appartient, est celle où Jésus « fait de nous » des pêcheurs d’hommes. Cette 3e étape est dans ses mains, c’est Lui qui travaille en nous : c’est lui qui « fait de nous »… Comme une promesse, comme une invitation à la confiance, à se laisser guider par Lui.
Parfois se mettre en route est juste un acte de foi. De confiance. Les disciples n’ont pas posé de questions, ils se sont mis en route. Ils ont fait confiance. (photo MLK) :
"La foi, c'est d'avancer sur la première marche, même quand vous ne voyez pas l'entier de l'escalier" (Martin Luther King)
Bien sûr, tout ne sera pas simple et immédiat, ni dans notre vie, ni dans ce projet d’Eglise MLK Lsne: le travail de pêcheurs est fait de patience. Il faut lancer le filet, encore et encore, après l’avoir raccommodé maille après maille. La patience et la persévérance font la qualité d’un bon disciple du Christ. Comme la pelle nous rappelle le besoin de temps pour construire, creuser, élaguer, créer. Le besoin de faire une confiance absolue au Christ. De nous abandonner en Lui. Même si c’est parfois dur.
Car chers frères et sœurs, il y a urgence : aujourd’hui la réponse à l’Evangile est une urgence. C’est aujourd’hui, maintenant, tout de suite, que je dois suivre le Christ. Urgence dans l’appel (pas téléphonique, hein), et dans la réponse. C’est ce que nous dit ce texte avec cette urgence de l’Evangile. Je rajouterai urgence de faire confiance. Urgence de l’amour. Urgence de rêver, ensemble !
Et vous ? comment vous situez-vous par rapport à cette urgence ? à cet appel du Christ à le suivre ? quel rêve vous habite ce matin pour la suite du chemin ?
La bonne nouvelle de ce matin, chers frères et sœurs, c’est que le Christ croit en nous ! Comme nous l’avons chanté tout à l’heure, quand bien même nous nous croyons médiocres, nuls ou pas à la hauteurs, quand bien même nous nous voyons comme des personnes simples sans grand talent (tiens ça me rappelle des gars au bord d’un lac), quand bien même nous avons l’impression de ne pas en valoir la peine, le Christ vient nous appeler chacune, chacun par notre prénom en nous disant : « Vincent, Claire, Vlad, Liliane, ….., je crois en toi. Tu es une personne hors du commun. Je t’aime. Alors viens, prends ta pelle (y aura du taf) et suis-moi ! Fais-moi confiance, ce sera bien… »
Oui, pour que le rêve devienne réalité, il faut se mettre en marche, suivre Jésus et y croire. Martin Luther King a dit : « Croyez en vos rêves, ils se réaliseront peut-être. Croyez en vous et ils se réaliseront sûrement. » (Martin Luther King) Dieu croit en vous. Et vous ?
Amen.