"Réjouis-toi, Il est avec toi"
Lecture de Luc 1, 26-38
26Le sixième mois, Dieu envoya l'ange Gabriel dans une ville de Galilée, Nazareth, 27chez une jeune fille fiancée à un homme appelé Joseph. Celui-ci était un descendant du roi David ; le nom de la jeune fille était Marie. 28L'ange entra chez elle et lui dit : « Réjouis-toi ! Le Seigneur t'a accordé une grande faveur, il est avec toi. » 29Marie fut très troublée par ces mots ; elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. 30L'ange lui dit alors : « N'aie pas peur, Marie, car tu as la faveur de Dieu. 31Bientôt tu seras enceinte, puis tu mettras au monde un fils que tu nommeras Jésus. 32Il sera grand et on l'appellera le Fils du Dieu très-haut. Le Seigneur Dieu fera de lui un roi, comme le fut David son ancêtre, 33et il régnera pour toujours sur le peuple d'Israël, son règne n'aura point de fin. » 34Marie dit à l'ange : « Comment cela sera-t-il possible, puisque je suis vierge ? » 35L'ange lui répondit : « Le Saint-Esprit viendra sur toi et la puissance du Dieu très-haut te couvrira comme d'une ombre. C'est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l'enfant qui doit naître. 36Élisabeth ta parente attend elle-même un fils, malgré son âge ; elle qu'on disait stérile en est maintenant à son sixième mois. 37Car rien n'est impossible à Dieu. » 38Alors Marie dit : « Je suis la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi comme tu l'as dit. » Et l'ange la quitta.
Prédication
Chers frères et sœurs,
« Réjouis-toi ! » : c’est de saison, puisque l’Avent, ce temps de préparation à la venue du Christ à Noël, c’est le temps de la réjouissance, comme le disait la méditation de la pasteure Patricia Rohrbacher d’Alsace-Lorraine. Le temps des couronnes de l’Avent (le temps donc d’alluuuumer le feu !), des calendriers de l’Avent de toutes sortes (Lindor, Smarties, Pokémon ou même Licorne ! si si, ça existe !), même des calendriers gospel comme nous avons sur le site de notre Eglise MLK avec chaque jour un chant gospel partagé pour dire l’espérance dans cette attente ! Chacun sa manière de se préparer à Noel, chacun sa manière de se réjouir. Dans le monde d’Avent, celui d’aujourd’hui donc jusqu’à Noël, se réjouir c’est aussi central que l’église St-Laurent à Lausanne. Ou que le central à la rue centrale.
« Réjouis-toi ! » : quelle est la dernière fois que vous vous êtes réjoui, mais vraiment réjoui ? c’était pour quel événement ? mais surtout qu’est-ce que cela a créé en vous ? Mardi, ma fille Esther fêtait ses 5 ans avec ses copines à la maison, nous avions prévu des jeux. Quand j’ai annoncé le jeu suivant, la troupe de filles a crié : « ouiiiiii, les chaises musicales ! les chaises musicales ! les chaises musicales ! » Ah ça, on ne peut pas dire qu’elle ne se réjouissaient pas…
« Réjouis-toi ! » : oui mais quand même, la joie ou la réjouissance, cela ne se commande pas ! Et puis, comment le faire dans la situation sanitaire qui est la notre et qui redevient pesante ? nous le craignons, nous le savons, de nouvelles restrictions vont nous tomber dessus, avec notamment ces masques que nous devons remettre (et pas seulement dans la crèche), l’incertitude pesante voire angoissante de : qu’est-ce ce qui va venir après On peut même se poser la question pour les fêtes de fin d’année en famille : comme on l’a dit l’an passé, va-t-on « sauver Noel » ? en bon théologien, je dirais plutôt que c’est Noël qui va nous sauver, mais vous m’avez compris : va-t-on sauver les fêtes de fin d’années en famille ?
« Réjouis-toi ! » : comment le faire dans une société oppressante où la performance et le mérite sont devenues les valeurs dominantes ? Comment le faire quand on est au chômage, en burn-out, ou tout simplement en quête de sens pour sa vie ? Comment le faire quand on n’arrive pas à joindre les deux bouts, mis à mal financièrement par le COVID ou simplement par des situations de vie précaires ?
Oui, en cette fin d’année particulièrement, souvent pluvieuse et grisouille, nous pouvons parfois être gagnés par l’obscurité de cette période. Le seum, diraient les jeunes. La déprime. Je la pose là, cette obscurité. Pour ne pas l’oublier.
Regardons maintenant ce que nous dit l’Evangile. Marie est une femme ordinaire dans un ville, Nazareth, tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Dans cet ordinaire débarque l’extraordinaire, avec l’ange, le messager de Dieu, qui la salue avec ces mots : « Réjouis-toi ! Le Seigneur t'a accordé une grande faveur, il est avec toi. »
Quelqu’un du groupe de prière me l’a fait remarquer mercredi, ce « Réjouis-toi » est premier, ce sont les premiers mots de l’ange qui vont colorer tout le reste. Mais on n’est pas ici dans le monde des bisounours du style « réjouis-toi, tout ira bien, y aura aucune difficulté, tranquille tranquille » (on sait bien que la suite de la vie de Marie ne sera pas toujours « tranquille tranquille », si on imagine rien que la naissance de son enfant dans une crèche, suivie de l’exil en Egypte, ou encore la mort de son fils sur la croix …). Non « ce réjouis-toi » de la salutation de l’ange est indissociable de la suite de la phrase : « Dieu t’accorde sa faveur, il est avec toi ! » Autrement dit, il chemine avec toi dans tes difficultés et te donne son amour infini et son soutien fidèle ! » C’est en quelque sorte un rappel de la promesse faite à chacun de nous lors de notre baptême : « Tu es mon fils, tu es ma fille bien aimé.e, dit Dieu, je suis avec toi ». Dès lors, si j’ai la certitude que Dieu est avec moi, qu’est-ce qui m’empêche de ne plus avoir peur et d’avoir une vie… vivante ? Dieu a choisi Marie, comme il nous a choisis, nous, pour être ses disciples dans le monde. Il est avec nous dans tout ce que nous vivons, quelle bonne nouvelle, quelle réjouissance !
Et Marie ? Eh bien Marie est troublée, troublée par cette parole. Qu’est-ce que cela va signifier pour la suite de sa vie ? elle veut en savoir plus. Au fond, elle est dérangée dans la vie sans histoire qui semblait s’ouvrir devant elle. Elle qui s’imaginait vivre une vie pépère se rend compte que Dieu l’appelle à autre chose : si elle est troublée, c’est qu’elle prend la mesure émotionnellement du bouleversement que cette nouvelle va impliquer pour ses projets de vie. Nous aussi, quand Dieu nous appelle, il vient changer nos plans, il vient bouleverser nos vies. Ici, avec cette Eglise MLK aussi.
Dans le mystère de l’incarnation, rien n’est impossible à Dieu. Comme un refrain qui rappelle d’autres femmes : Sarah trop vieille pour enfanter, ou Elizabeth, stérile, deux femmes à qui Dieu a pourtant donné de donner naissance à une vie. C’est la fécondité de Dieu. Oui Dieu donne la vie par son Esprit qui est avant tout une puissance créatrice. J’aime le mot grec pour puissance : DYNAMIS, c’est la puissance de Dieu qui se manifeste en Jésus. La puissance de Dieu, c’est mieux que l’ovomaltine, c’est de la dynamite ! Oui Dieu est puissant. Il met en route, non seulement un enfant, une des étapes de l’histoire du salut, mais aussi la foi de Marie. Avec confiance, elle se place humblement dans la posture de servante, elle se met à disposition de son Seigneur. Oui j’aime cette image de l’Esprit qui met en route.
Et nous dans l’Eglise MLK ? L’Esprit nous a mis en route, et nous invite à accueillir la fécondité parfois inattendue de Dieu dans nos vies! Oui Dieu donne la vie, un bébé va naître, par la puissance de l’Esprit. Un projet va naître, par la puissance de l’Esprit ! Et nous, nous laisserons-nous toucher par cette figure d’humilité et de service qu’est Marie ? Nous laisserons-nous inspirer par sa foi, par la confiance qu’elle fait à Dieu face à cet inconnu énorme qui l’attend ? « Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi ! »
« Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi ! » : qu’est-ce que cela veut dire concrètement pour nos vies ? qu’est-ce que cela change ? Je vous invite à y réfléchir et à le partager après la prédication… qu’est-ce que cela change ?
(un temps)
« Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi ! » : comme un appel à l’espérance ! Dieu ne nous abandonne pas, il est là !
« Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi ! » : comme un appel à partager sa lumière, pour qu’il y ait plus de lumière dans le monde !
« Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi ! » : comme un appel à vivre ce temps de l’Avent autrement, pas dans la déprime et le stress, mais dans la confiance et la joie de l’inattendu ! Car si la joie ne se décrète pas, elle se cultive en aiguisant son regard. Quel beau et bon programme pour l’Avent !
Alors chers frères et sœurs, dans ce temps de l’Avent, temps de préparation pour se réjouir, nous attendons. Et dans ce temps d’attente, Dieu nous invite d’ors et déjà à nous réjouir, il est là, avec nous, et il nous offre sa grâce ! Et cela change tout !
Oui en dépit de l’obscurité, de la grisaille et du seum, réjouissons-nous de ce qui va arriver : Dieu vient au cœur de nos nuits, et la puissance de son Esprit va nous mettre en route et permettre de créer de la vie (ici à MLK et ailleurs)!
Amen.
(canon à confettis qui pète depuis la chaire)