En ce temps de Carême, temps de Passion, et à l’approche de la Semaine Sainte où les Églises suivront jour après jour leur Seigneur sur son chemin vers la Croix, partageons cette prière du poète français Patrice de la Tour du Pin (1911-1975). Elle recueille le cri de tant d’hommes et de femmes, autour de nous et à travers notre monde lacéré, qui n’entrevoient que la mort pour tout horizon.
Au plus fort de ma nuit, je me suis recueilli :
nul ne pénètre là, nul n’y souffre pour moi.
Là je mourrai tout seul.
C’est dans un plus grand vide,
au cœur même de l’homme que je tombe aujourd’hui :
je n’y connais que toi.
Au-delà de moi-même et de ma propre nuit,
toi seul peux faire vie.
Là où je cesse d’être,
où je ne fus jamais,
toi seul as pénétré pour que l’homme renaisse.
Aussi recueille-moi à ma place, en mon lieu.
Qui d’autre appellerais-je, sinon ta voix, mon Dieu ?
Entre l’âme et l’esprit, pourquoi me creuserais-je
si c’est pour retrouver le néant que je fuis ?
J’ai horreur de la mort comme tout ce qui aime,
je suivrai ta parole où les autres sont vaines ;
aux parois souterraines,
pour que nul ne s’égare lorsqu’il ne peut plus voir,
tu descends avec lui.
Puis-je le remonter, non pas jusqu’à sa source,
rien qu’un peu avec toi ?
Si tu le veux, Seigneur,
nous ferons cette course vers l’amont de la foi.
Prière proposée par Matthias Wirz, pour le service Vie cultuelle et communautaire.