« Marcher par l’Esprit » (19.05.24)

Être conduit par l'Esprit et non par les penchants humains (Galates 5)

16Voici donc ce que j'ai à vous dire : laissez l'Esprit saint conduire votre vie et vous n'obéirez plus aux mauvais penchants. 17Car l'être humain que nous sommes a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit a des désirs contraires à ceux de l'être humain : ils sont complètement opposés l'un à l'autre, de sorte que vous ne pouvez pas faire ce que vous voudriez. 18Mais si l'Esprit vous conduit, alors vous n'êtes plus soumis à la Loi.19On sait bien à quoi conduisent les penchants humains : la débauche, l'impureté et les actions honteuses, 20le culte des idoles et la magie, l'hostilité, les querelles, les jalousies, les colères, les rivalités, les discordes, les divisions, 21l'envie, les beuveries, les orgies et bien d'autres choses semblables. Je vous avertis maintenant comme je l'ai déjà fait : les personnes qui agissent ainsi n'auront pas de place dans le règne de Dieu.

22Mais ce que l'Esprit saint produit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, 23la douceur et la maîtrise de soi. La Loi n'est certes pas contre de telles choses ! 24Ceux qui appartiennent à Jésus Christ ont fait mourir sur la croix leur faiblesse humaine avec ses passions égoïstes et ses mauvais penchants. 25L'Esprit nous a donné la vie ; laissons-le donc aussi diriger notre conduite. 

Prédication : « Marcher par l’Esprit »

Résumé : Pentecôte, c’est un ordre de marche. Devant des Galates qui cherchent à « faire » pour être sauvés, Paul rappel à la fois le salut par la grâce, la liberté du chrétien et l’exigence de marcher dans l’Esprit. Marcher par l’Esprit, le laisser agir dans nos vies avec cette promesse : si nous lui laissons conduire notre existence, de beaux et bons fruits surgiront. 

Prédication à écouter ici.

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Pour symboliser Pentecôte, quel objet choisiriez-vous ?

  • Pas un morceau de viande, j’espère, puisque 83% des Français ne savent pas à quel morceau de viande correspond la Pentecôte (donc 17% le savent… #noussachons)
  • Selon le récit de Actes 2, un objet possible serait des langues de feu comme celles qui descendent sur les disciples et qui leur permettent de parler toutes les langues, des langues de feu symbolisées par une allumette de bengale ; d’ailleurs vous connaissez l’histoire de l’allumette de bengale qui en rencontre une autre et lui dit : « ça y est, tu t’es fait allumer ? » Et l’autre de répondre : « ouais, j’y ai vu que du feu ! »
  • Le don de l’Esprit Saint que l’on célèbre à Pentecôte, c’est aussi celui du souffle, dont on a tant besoin pour gonfler les ballons. (gonfler) « Soufflez dans le ballon », comme disait mon ami qui a la peau lisse. Un souffle qui nous en donné est qui nous permet de nous envoler vers d’autres aventures ! (pschiiiit)
  • Notre texte du jour nous parle d’un autre symbole : les fruits. Parce que l’Esprit donne la pêche, permet de se fendre la poire, qu’Il n’est pas donné pour des prunes mais pour que vivions libre, sans tomber dans les pommes, mais avec la banane ! 
  • Finalement, si je devais choisir un objet pour Pentecôte, je choisirais… des chaussures de marche ! Pas parce que c’est un pléonasme : « Avant d’être une fête religieuse, Pentecôte est avant tout un sacré pléonasme », comme s’il fallait choisir entre la pente et la cote. Des chaussures de marche, donc, pour symboliser la marche par l’Esprit dont parle le passage en Galates 5 que nous venons d’entendre.

Car ce matin, nous nous souvenons à la fois du don de l’Esprit, raconté en Actes 2, et à la fois de l’injonction de l’apôtre Paul aux Galates de marcher par l’Esprit : laissez l'Esprit saint conduire votre vie, ou dans d’autres traductions : marchez par l'Esprit !

Adressée à des Églises menacées par la dérive de la re-judaïsation de l’Église, ou re-légalisation, la lettre aux Galates est un plaidoyer pour la liberté chrétienne. Mais attention, liberté ne pas dire libertinage. La liberté chrétienne, dit Paul, n’est pas un appel à vivre selon la chair, ses envies, etc., c’est vivre selon l’Esprit. C’est marcher librement, mais en nous laissant conduire par l’Esprit. A des Galates qui cherchent à vivre selon la loi, Paul répond avec les thèmes de la liberté et de la marche, indiquant à la fois une ouverture et une dynamique.

25L'Esprit nous a donné la vie ; laissons-le donc aussi diriger notre conduite. / Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit

Au verset 25, le mot utilisé par Paul insiste sur l’alignement (« aller en rang, en file, s’aligner, marcher à la suite de »), comme dans un ordre de marche. Oui Paul invite à mettre nos pas, à la suite du Christ, à suivre l’Esprit et à transcender la réalité des œuvres de la chair dans nos vies.

Car c’est vrai, sans tomber dans le moralisme, que notre être est traversé de pulsions contradictoires, en somme du péché. Le fruit de la Genèse a été mangé, et symboliquement, il est en nous. C’est une façon de dire que le bien et le mal sont en nous. Nous le voyons bien : combien de rivalités gangrènent nos relations ? combien de comportements nocifs (addictions en tout genre ou relations toxiques) ? combien d’idoles modernes ? combien de dérives de la chair ?

Le mot « chair » désigne ici l’humain quand il met en avant son « je » au mépris de l’existence de l’autre, ou du Tout-Autre aussi, quand il s’y confronte au point de vouloir l’anéantir (v.15). Le point commun des œuvres de la chair listées par Paul, c’est la désagrégation de la vie communautaire, la destruction des relations humaines. En bref, la chair c’est l’humain sans Dieu.

Mais justement, chers frères et sœurs, Dieu ne nous laisse pas seul pour faire face à ces luttes intérieures. Il nous donne son Esprit Saint pour notre marche. Avec une promesse : si nous lui faisons toute la place, si nous le laissons vraiment conduire notre vie, alors nous recevrons le fruit de l’Esprit.

Mais si l’on y réfléchit bien, le fruit n’est pas produit par nous. Je ne peux pas décider de produire de l’amour, de la joie, ou de la paix. Ce sont des dons de Dieu, dons que nous pouvons favoriser par une attitude de foi et de confiance, d’ouverture à ce que nous dit l’Esprit Saint. Par ailleurs, ce fruit demande comme tout fruit le temps de la maturation. Il faut du temps pour voir éclore le fruit de l’Esprit dans nos vies.

En fait, contrairement aux apparences, ce texte n’est pas moralisateur. Ce n’est ni un texte de loi, ni un nouveau commandement. Paul ne pas : « éloignez-vous des penchants humains et cultivez les fruits de l’Esprit ! » Paul décrit simplement qu’il y a des pulsions contradictoires présentes en nous et dit que pour faire face à elles, il s’agit de marcher par l’Esprit, de se laisser conduire par Lui. Ce texte ne dit pas non plus que seules les personnes qui croient en Dieu et accueillent l’Esprit dans leur vie font le bien, il ne dit pas « hors de l’Esprit point de bon fruit ». Ce que ce texte met en avant c’est une promesse. La promesse que si nous marchons pleinement dans l’Esprit, du bon fruit en sortira, que ce soit l'amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.

Et ce que Paul demande pour cela, c'est de faire un choix de vie. Choisir de croire et de Lui faire confiance. Choisir de décider de marcher selon l'Esprit, de laisser le Saint-Esprit nous guider, de nous mettre au service les uns des autres. Et d’être non pas des zombies, mais des hommes et des femmes responsables qui marchent par l’Esprit.

Oui mais comment concrètement marcher par l’Esprit ? Par l’écoute, le silence, Sa Parole, le discernement. Regarder dans ma vie, ce qui s’y passe et quels sont les fruits pour lesquels je peux être reconnaissants. Marcher en étant conscient d’être en dépendance de Dieu à chaque instant. C’est un choix au quotidien, de le laisser nous conduire, de nous mettre à son écoute, à son école, et le laisser agir en nous. Ainsi il éduque notre cœur à sa ressemblance et nous pouvons nous laisser transformer par l’Esprit : De querelleur à doux, d’envieux à bienveillant, de débauché à maître de soi. Même si ce n’est pas toujours si simple.

Au fond, chers frères et sœurs, le message de ce matin est à la fois assez simple et compliqué : Paul nous invite à nous laisser conduire, dans la marche de notre vie, par l’Esprit. Cela veut dire nous abandonner en lui, conscient que c’est seulement son Esprit qui peut nous transformer en profondeur, et ensuite, peut-être, de bons fruits nous serons donnés. Car en fait, ce texte parle de foi. De confiance. D’abandon. Et là chers frères et sœurs, nous ne pouvons pas y aller avec le frein à main. Nous devons laisser tomber nos résistances pour accueillir vraiment le souffle de l’Esprit, pour l’écouter et le suivre, pour qu’il puisse nous donner du souffle pour notre marche !

Pentecôte, c’est donc un ordre de marche. Devant des Galates qui cherchent à « faire » pour être sauvés, Paul rappel à la fois le salut par la grâce, la liberté du chrétien et l’exigence de marcher dans l’Esprit. Marcher par l’Esprit, le laisser agir dans nos vies avec cette promesse : si nous lui laissons conduire notre existence, de beaux et bons fruits surgiront. 

Oui chers frères et soeurs, ce matin le souffle saint nous est donné. Alors… en marche !

Amen.

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