« Il est ressuscité et il vous précède en Galilée »
Lecture de Matthieu 28 : La résurrection de Jésus est annoncée à deux femmes
1Après le sabbat, dimanche au lever du jour, Marie de Magdala et l'autre Marie vinrent voir le tombeau. 2Soudain, il y eut un fort tremblement de terre ; un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre et s'assit dessus. 3Il avait l'aspect d'un éclair et ses vêtements étaient blancs comme la neige. 4Les gardes en eurent une telle peur qu'ils se mirent à trembler et devinrent comme morts. 5L'ange prit la parole et dit aux femmes : « N'ayez pas peur. Je sais que vous cherchez Jésus, celui qu'on a crucifié ; 6il n'est pas ici, il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez, voyez l'endroit où il était couché.7Allez vite dire à ses disciples : “Il est ressuscité et il vous précède en Galilée ; c'est là que vous le verrez.” Voilà ce que j'avais à vous dire. » 8Elles quittèrent rapidement le tombeau, remplies tout à la fois de crainte et d'une grande joie, et coururent porter la nouvelle aux disciples. 9Tout à coup, Jésus vint à leur rencontre et dit : « Je vous salue ! » Elles s'approchèrent de lui, saisirent ses pieds et se prosternèrent devant lui. 10Jésus leur dit : « N'ayez pas peur. Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. »
Prédication : « Il est ressuscité et il vous précède en Galilée »
Résumé : La bonne nouvelle de Pâques est une invitation à nous mettre en mouvement. A ne pas rester dans nos tombeaux, nos tristesses, nos impasses, mais à nous rendre « en Galilée », c’est-à-dire là où tout a commencé, dans le concret et l’ordinaire quotidien, et à revisiter cette source primordiale. Le Ressuscité nous y précède. Et nous y attend pour une rencontre épanouissante.
Prédication à écouter ici.
Chers frères et sœurs en Christ,
En ce dimanche 16 avril 2023, vous êtes… où ? Si vous répondez à l’Eglise MLK Lausanne vous aurez bien sûr raison (peut-être faudrait-il encore préciser « sur des bancs-inconfortables-qui-nous-empêchent-de-nous-endormir-pendant-la-prédication », mais bon…). Mais encore… ce matin, vous êtes où ? Pour vous aider à répondre, il y a des panneaux, comme celui « vous êtes ici » (oui comme dirait le Chat, les nouvelles vont vite). Ou comme celui-là. Pour vous aider, il y a aussi parfois l’aide providentielle de ceux qui décident de faire une farce (avec les mains trouées c’est plus facile à deviner…)
Bref, plus sérieusement, je vous pose cette question simple en apparence, mais en réalité profonde : ce matin, vous êtes… où ? Fondamentalement, profondément, dans votre vie, vous êtes où ?
Êtes-vous dans la chambre haute, celle du dernier repas (ici en selfie… ah voici l’image plus traditionnelle), celle où Jésus institue la fraction du pain de vie et le partage de la coupe de bénédiction, lieu donc du partage et de la communauté et de la joie ? Car n’oublions pas que du partage peut naître la joie communautaire.
Êtes-vous à Gethsémané, dans le jardin des Oliviers, dans l’épreuve, celle de la tentation, de la désespérance, devant une coupe de souffrance à venir, comme Jésus avant d’être arrêté ? N’oublions pas que dans nos épreuves, nous ne sommes pas seuls. Dieu envoie ses anges, ses envoyés, pour nous soutenir, pour nous donner des forces.
Êtes-vous sur le mont Golgotha, devant la croix, celle de Vendredi Saint, celle de la souffrance et de l’incompréhension devant le mal dans le monde, celle du « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » ? Êtes-vous dans un chemin qui vous semble sans issue, une impasse, sans lendemain possible ? N’oublions pas que le Christ sur sa croix, prend sur lui nos croix et ne nous laisse pas seul avec elles.
Êtes-vous dans le vide de samedi saint, dans l’entre-deux, dans l’attente d’un renouveau qui ne vient pas, dans le vide du désert, sans savoir ce qui va se passer, sans savoir où aller ? Dans l’incertitude, dans le vide… N’oublions pas que c’est seulement du vide que peut naître une vie nouvelle.
Êtes-vous dans la tristesse, le deuil, du tombeau, dans le manque et la déception, comme ont dû l’être, on se l’imagine, les disciples et les femmes. Êtes-vous confrontés à la mort et au deuil et à l’impuissance de perdre des êtres chers ? N’oublions pas que le Christ est avec ceux qui pleurent : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ! (Mt 5,4)
Êtes-vous dans l’espérance du tombeau vide qui nous libère ? Car le tombeau vide, c’est le signe que la mort est vidée de sa puissance et qu’alors nous pouvons être libérés à notre tour de la peur de la mort et ouvrir sur la joie. Êtes-vous dans une étape de vie joyeuse, où la peur a disparu devant la joie et l’espérance ? N’oublions pas que Dieu est espérance qui ouvre sur une vie nouvelle.
Ce matin, je vous pose donc la question : dans votre vie, vous êtes où ?
Et Jésus… il est où ? Car si nous voulons le rencontrer, lui le Ressuscité, il est bon de savoir où aller, non ? Où est-il, le Christ qui s’est relevé de la mort ? « Il n'est pas ici », dit l’ange. Il n’est pas à Jérusalem, il n’est pas dans le tombeau : « Error 404 : Jesus not found ». Intéressant : on commence par dire là où le Ressuscité… n’est pas. Il n’est pas dans nos tombeaux, il n’est pas dans nos enfermements sans issue et mortifères. Il n’est pas ici.
Mais alors où est-il ? Où puis-je trouver Jésus, le Christ, ressuscité et vainqueur de la mort, porteur de l’espérance pascale ? où puis-je trouver l’homme de Pâques, le Pâques Man? « Il est ressuscité et il vous précède en Galilée. »
En Galilée ? vraiment ? ce trou paumé ? Pourquoi pas à Jérusalem, la ville Sainte ? Pourquoi pas se révéler aux grands de son monde, à Pilate ou aux chefs religieux ? pourquoi ne pas confondre ses détracteurs, ceux qui l’avaient fait mettre à mort ?
Mais nous le savons, Dieu n’est pas revanchard. Dieu est le Dieu de Vie qui nous donne la bonne nouvelle de la résurrection pour nous redonner de l’élan, de l’espérance. C’est ce que fait le Ressuscité quand il parle aux femmes : « Allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. » Une remise en route, comme un redémarrage.
La Galilée, c’est où ? c’est quoi ? « se rendre en Galilée » : qu’est-ce que cela veut dire pour nous aujourd’hui ?
La Galilée, d’abord, c’est le lieu d’origine des disciples, le pays de leur enfance, de leur rencontre avec Jésus, de leur premier selfie avec Lui. La Galilée… c’est le retour aux origines, là où tout a commencé… A Capharnaüm où Jésus prêche et appelle ses premiers disciples à le suivre et à devenir à leur tour des pécheurs d’hommes. Après sa mort, c’est donc à nouveau en Galilée qu’il leur donne rendez-vous pour faire l’expérience de sa résurrection. La Galilée, c’est donc ce lieu « origine », ce lieu « source ».
Et pour nous, quel est notre lieu source, le lieu de notre rencontre avec le Christ ? Où avons-nous croisé son regard, entendu sa voix, senti sa présence ? Quand nous avons besoin de le rencontrer, de nous rappeler la première rencontre, où allons-nous ? A chacun d’y répondre et de revoir les lieux, les personnes, les évènements qui ont façonné notre chemin. Aller en Galilée pour nous, c’est aussi faire ce travail de mémoire pour vivifier notre relation au Christ, lui redonner de la vigueur et ré-entendre son appel…
La Galilée, c’est aussi le carrefour des nations, lieu de passage où se croisent les caravanes, où se rencontrent des cultures et des peuples différents. C’est le symbole du monde païen, à l’inverse de Jérusalem, la ville sainte, lieu du pouvoir politique et religieux. Mais c’est en Galilée qu’une grande lumière s’est levée, comme le prophétisait Esaïe. C’est donc en Galilée que le Christ ressuscité va apparaitre aux disciples et leur confier une mission, non pas pour les seuls fils d’Israël, mais pour toutes les nations.
Et pour vous, que signifie « votre Galilée intérieure » où vous pouvez rencontrer le Christ ressuscité ? Eloi Leclerc, dans « Pâques en Galilée », a écrit : « Ce n'est pas seulement les apôtres ou l'Église dans ses responsables qui doivent retourner en Galilée pour y rencontrer le Seigneur ressuscité. La parole de Jésus s'adresse aussi à nous tous, à chacun de nous personnellement : Allez annoncer à mes frères qu'ils doivent se rendre en Galilée, c'est là qu'ils me verront (Mt 28,10). Peut-être n'y a-t-il pas de parole évangélique plus importante à comprendre aujourd'hui. Chacun de nous possède quelque part en lui la Galilée, sa Galilée à lui, où le Seigneur le précède et l'attend. »
La Galilée intérieure, cela peut être aussi notre vie, dans le concret et l'ordinaire du quotidien, où nous pouvons vivre la rencontre avec le Ressuscité, où il nous précède… Oui, chers frères et sœurs, c’est aujourd’hui, dans notre Galilée intérieure, que nous sommes appelés à entendre le message de la Vie plus forte que la mort. C’est là, dans notre quotidien, là où se tissent nos relations, que le Christ ressuscité va révéler sa puissance de Vie, et transformer notre existence.
Ainsi, on le voit bien : l’essentiel de la Résurrection, ce n’est pas d’abord une croyance, non l’essentiel de la Résurrection, c’est la rencontre avec le Ressuscité. Et cette rencontre du Ressuscité qui nous précède et nous vient au-devant de nous, nous pouvons l’expérimenter aujourd’hui encore… dans notre Galilée intérieure !
Alors chers frères et sœurs, ce matin, bien que nous soyons ici, en cette église Saint-Laurent à Lausanne, et au fond où que vous en soyez sur votre chemin de vie, j’aimerais vous inviter à quitter vos tombeaux et vous remettre en marche, en direction de votre Galilée intérieure. Car c’est là que le Ressuscité, dans la rencontre intime avec vous, pourra, par sa puissance de vie, tout changer.
Amen.