« Qui est Jésus pour toi, aujourd’hui ? » (06.10.24)
Lecture biblique : Suivre Jésus (Marc 8,27-37)
27Jésus et ses disciples partirent ensuite vers les villages proches de Césarée de Philippe. En chemin, il leur demandait : « Au dire des gens, qui suis-je ? » 28Ils lui répondirent : « Certains disent que tu es Jean le baptiste, d'autres que tu es Élie, et d'autres encore que tu es l'un des prophètes. » – 29« Et vous, leur demandait Jésus, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre lui répondit : « Tu es le Christ ! » 30Alors, Jésus leur ordonna sévèrement de ne parler de lui à personne. 31Jésus se mit à leur enseigner qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les spécialistes des Écritures ; qu'il soit tué, et qu'après trois jours, il ressuscite. 32Il disait cette parole très clairement. Alors Pierre le prit à part et se mit à lui faire des reproches. 33Mais Jésus se retourna, regarda ses disciples et reprit sévèrement Pierre : « Va-t'en, passe derrière moi Satan ! Car tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des êtres humains. » 34Jésus appela la foule avec ses disciples et il leur dit : « Si quelqu'un veut me suivre, qu'il s'abandonne lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. 35En effet, celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. 36À quoi bon gagner le monde entier, si c'est au prix de sa vie ? 37Que donnerait-on en échange de sa vie ?
Prédication : « Qui est Jésus pour toi, aujourd’hui ? »
Résumé : En chemin, c’est pour une fois Jésus qui questionne les disciples. Par ses questions, il les invites à réfléchir à qui il est pour eux. Chacun·e est invité·e à dire sa réponse, aujourd’hui. Un prophète, un révolutionnaire, un fou ? « Le Christ », dit Pierre. Autrement dit, le Sauveur qui par le don d’amour total sur la croix, nous offre la vie en plénitude, ce Sauveur qui doit passer par la souffrance, comme ceux qui désirent le suivre. Le Sauveur qui a vaincu la mort et nous offre la vie éternelle.
Ecouter la prédication (1re partie seulement) ici.
Chers frères et sœurs en Christ,
Extrait audio (François Pérusse).
Ah les sondages téléphoniques, cela vous rappelle quelque chose ? Comme ici le Chat : « Bonjour Madame, je réalise un sondage sur le harcèlement téléphonique des consommateurs… En effet, de plus en plus de gens se plaignent d’être continuellement importunés chez eux et… comment ça CLIC ? » Ou dans la rue : « Salut, t’aurais pas deux minutes pour répondre à un p’tit sondage ». Et moi. Ou encore : « Pensez-vous qu’il existe de nos jours une tendance croissante à l'individualisme ? ». Bon.
Plus sérieusement. Dans le texte de l’Évangile que nous avons lu ce matin, Jésus lui aussi s’intéresse à ce que pensent les gens. Lui aussi, fait si l’on veut bien, un sondage. « Au dire des gens, qui suis-je ? » demande Jésus aux disciples, alors qu’ils sont en chemin, sur territoire étranger.
Au fond, Jésus ne s’intéresse pas tant à la réponse que donnent les disciples à cette première question. Car celle-ci, posée par ce fin pédagogue qu’est Jésus, n’a pour but que de mettre en marche la réflexion des disciples. « Certains disent que tu es Jean le baptiste, d'autres que tu es Élie, et d'autres encore que tu es l'un des prophètes. » 3 figures voisines qui ont en commun le fait d’annoncer le messie sans pour autant l’être eux-mêmes.
Et aujourd’hui, que disent nos contemporains sur Jésus ? qui est-il selon eux ? Probablement pas un prophète, mais ils auraient plutôt tendance à comparer Jésus à un sage, ou à un fondateur de religion, ou encore à un révolutionnaire, selon leurs propres orientations philosophiques. En fait, toutes ces réponses nous renseignent davantage sur ceux qui les donnent que sur Jésus lui-même.
C’est pourquoi Jésus pose la seconde question aux disciples. « Mais pour vous, qui suis-je ? » Oui vraiment cette seconde question engage les disciples. D’ailleurs peut-être aurez-vous remarqué que nous sommes passés du EUX à VOUS, ou du ON au TOI. Et c’est une question exigeante : elle attend une réponse personnelle. Et Jésus n’impose pas à ses disciples une manière de penser. Il respecte complètement leur liberté de conscience.
Oui nous sommes ici dans cet essentiel de la foi qui demande une prise de position personnelle. Vous ne pouvez pas vous cacher derrière les autres. Car ce n’est pas la réponse des autres qui compte, mais la vôtre, la tienne, ma sœur, la tienne, mon frère.
Et Pierre répond : « Tu es le Christ ! » Alors, Jésus leur ordonna sévèrement de ne parler de lui à personne. La sévérité de cet ordre de silence nous choque de la part de Jésus, lui qui parfois se montre si doux. Mais s’il est si strict sur ce point, c’est qu’il sait le danger de mécompréhension de ce mot « Christ » ou « Messie ». Vous imaginez le téléphone arabe sur la messianité de Jésus ? Non vraiment, le risque est trop grand.
Car à l’époque, on attendait un Sauveur, un roi, qui viendrait délivrer le peuple politiquement. Mais Jésus n’est pas ce Sauveur. Jésus n’est pas non plus ce Christ tout puissant, qui viendrait sur terre pour tout arranger d’un coup de baguette magique, ce Christ qui redresserait en un instant tout ce qui ne va pas dans nos vies et dans le monde !
Alors quel Christ est Jésus ? Quel sauveur est-il ? Jésus répond en leur enseignant qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands-prêtres et les spécialistes des Écritures ; qu'il soit tué, et qu'après trois jours, il ressuscite. Oui, le Christ doit passer par la souffrance, par le rejet, par la mort sur la croix… il faut tout cela pour pouvoir enfin arriver au tombeau vide et à la résurrection.
Mais qu’elle est difficile à entendre, cette parole « Il fallait qu’il souffre » ! D’ailleurs Pierre lui aussi est dérangé. Il s’oppose fortement. Il ne peut pas entendre pour son Sauveur cette nécessité de la croix, de la souffrance et de la mort…
Alors Jésus se fâche et il utilise exactement les mêmes paroles que lors de la tentation au désert pour vaincre le diable. Satan, celui qui divise, promettait alors à Jésus la puissance, le pouvoir et le triomphe, mais le Serviteur de Dieu se prépare ici à affronter la condamnation, l’abandon et la mort sur la croix. Oui, la souffrance – sans pour autant la glorifier ou en faire l’apologie -, elle conduit à la croix, donc 3 jours plus tard à la bonne nouvelle de Pâques. Car on ne peut renaître à la vie sans passer d’abord par la mort !
Et pour toi, qui est Jésus ? (résultats du sondage sur Jésus - sortir du ppt)
Pour moi, il n’y a pas de mauvaise réponse. Mais… si je le considère comme le Christ, alors Jésus me demande de me mettre en route, à sa suite. Mais… le chemin n’est pas un chemin facile. Avec Jésus, on n’est pas dans le monde des bisounours : « Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive. Oui suivre Jésus a un coût : renoncer à soi-même, d’une part, et prendre sa croix, d’autre part.
Renoncer à soi-même, cela veut dire renoncer à être le centre de sa propre vie, renoncer à la volonté de ne compter que sur ses propres forces, renoncer à ne croire qu’en soi pour se forger le sens de sa vie, mais recevoir ce dernier d’un autre. Se renier, c’est dire notre incomplétude et notre besoin fondamental de recevoir l’essentiel par le Christ.
Ensuite, celui qui veut suivre Jésus doit prendre sa croix. La croix, ce sont les difficultés, la souffrance, la mort. La croix, c’est le sacrifice, c’est perdre quelque chose pour gagner autre chose, de plus fondamental. Mais la perte est là, elle fait partie de notre suivance du Christ.
Par ailleurs, une collègue pasteure soulignait que le mot « croix » ne signifie pas d’abord le croisement d’un montant et d’une traverse mais quelque chose qui permet de tenir une charge en l’air, à l’appui des épaules. Ce mot grec (stauros) a donné en français le verbe instaurer. Dans ce renoncement des évangiles, il en va donc d’une décision d’instaurer un autre mode d’être à la suite du Christ.
Et toi, que donnerais-tu en échange de ta vie ? Jésus le Christ a donné sa vie par amour pour toi. Et toi, aujourd’hui, quelle est ta réponse sur Jésus ?
J’aimerais terminer par une petite considération sur deux mots de ce récit : « en chemin ». C’est en chemin que Jésus le pédagogue questionne, enseigne, met en route, invite à le suivre. C’est en chemin que les disciples sont invités à répondre, de manière personnelle et engageante. Jésus ne reste jamais longtemps dans un même endroit, de même la théologie est également toujours en chemin, jamais arrêtée. Nous aussi, tels que nous sommes, avec nos contradictions et nos élans, nous sommes en chemin. Nous aussi, avec notre foi et nos doutes, nos hauts et nos bas, nous sommes en chemin. Mais ce matin, là où tu en es sur ton chemin, quelle est ta réponse : « Qui est Jésus pour toi, aujourd’hui ? »
Pour moi, il est « le Christ », fidèle compagnon à chaque instant de ma vie ; Le Sauveur qui par le don d’amour total sur la croix, m’offre la vie en plénitude ; ce Sauveur qui doit passer par la souffrance, comme ceux qui désirent le suivre, comme moi. Le Sauveur qui a vaincu la mort et m’offre en lui la vie éternelle. Quelle bonne nouvelle pour ma vie ! Suis-je prêt à la partager avec d’autres ?
« Jésus pour moi c’est le Christ », un son d’âge en âge qui résonnera toujours comme un témoignage. En auras-tu la foi et le courage ? Qui est prêt pour un sondage ?
Amen
Réactions (assemblée)
Confession de foi, inspirée par celle d’Espoir Adazi
Nous croyons en Dieu, le Père d’amour
Qui a créé chacune et chacun de nous
Dans une riche diversité de genres, d’origines et de cultures
Il est le Dieu de la création toute entière.
Nous croyons en Jésus Christ
Le Fils de Dieu
Venu pour nous sauver et non pour nous condamner
Il est le Sauveur et le Seigneur,
Qui aime le pauvre et le riche,
Le faible et le fort,
Le proche et l’éloigné.
Nous croyons en l’Esprit Saint,
Il crée notre union et nous ouvre à la dimension universelle de l’Eglise,
Il est le souffle et don de Dieu
qui rejoint chance et chacun de nous
dans son cheminement avec le Christ
Il nous donne l’espérance en la vie éternelle.
Amen.