« Au nom de Jésus » (06.04.25)
Lecture d’Actes 3 : Un homme boiteux est guéri
1Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de trois heures de l'après-midi. 2Près de la porte du temple, appelée la Belle porte, il y avait un homme boiteux depuis sa naissance. Chaque jour, on le portait et on l'installait là, pour qu'il mendie auprès de ceux qui entraient dans le temple. 3Il vit Pierre et Jean qui allaient y entrer et il leur demanda de l'argent. 4Pierre et Jean fixèrent les yeux sur lui et Pierre lui dit : « Regarde-nous ! » 5L'homme les regarda avec attention, car il s'attendait à recevoir d'eux quelque chose. 6Pierre lui dit alors : « Je n'ai ni argent ni or, mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi et marche ! » 7Puis il le prit par la main droite et il le releva. Aussitôt, les pieds et les chevilles du boiteux devinrent fermes ; 8d'un bond, il fut sur ses pieds et il se mit à marcher. Il entra avec les apôtres dans le temple, en marchant, en sautant et en louant Dieu. 9Tout le peuple le vit marcher et louer Dieu. 10Quand ils reconnurent que c'était lui qui se tenait assis à la Belle Porte du temple pour mendier, ils furent tous remplis de crainte et de stupeur à cause de ce qui lui était arrivé.
Prédication : « Au nom de Jésus »
Résumé : Sans que cela soit une formule magique d’Harry Potter, l’invocation du nom de Jésus Christ nous place sous son autorité et permet, parfois, des miracles, comme pour l’infirme de la Belle Porte, guéri par Pierre et Jean. Et toi, saurais-tu revêtir le maillot du Team Jésus et, en te plaçant sous l’autorité de son nom, partager la bonne nouvelle de son Royaume ?
Prédication à écouter ici.
Chers frères et sœurs en Christ,
Imaginez un instant vivre dans le monde d’Harry Potter, avec ses sorts magiques, ce serait quand même tellement utile dans ta vie de tous les jours :
- Quand tu as paumé ton trousseau de clés et que tu es à la bourre, ce serait tellement utile de pouvoir dire Accio clés et que celle-ci viennent toutes seule à toi !
- Quand ton petit dernier bébé braille (voilà voilà) et que tu n’en peux plus, ce serait tellement utile de pouvoir dire Silencio et que les personnes autour soient rendues silencieuses.
- Quand tes micros te lâchent au milieu d’un chant gospel, c’est une simple supposition bien sûr, ce serait tellement utile de pouvoir dire Amplificatum et que ta voix soit automatiquement amplifiée !
- Quand tu n’arrives pas à te lever le matin, ce serait tellement utile de pouvoir dire Wingardium Levetoidla pour te faire léviter hors de la couette !
- Quand dans des temps de combat spirituel tu as besoin de faire sortir tous les mauvais djadja de ta vie, ce serait tellement utile de pouvoir dire Aya Nakamusort (ok je sors).
Mais la vie, chers frères et sœurs en Christ, notre vie, n’est pas comme ça. Ces formules magiques toutes faites n’existent pas dans notre monde. Nos paroles ne sont pas aussi efficaces que cela. En tout cas, pas automatiquement.
Dans le récit que nous avons entendu, la parole de Pierre est pourtant d’une efficacité extraordinaire. Après l’intervention de Pierre et Jean, la situation est en effet transformée : l’infirme qui était informe, quasi mort, peut suivre les apôtres, il peut entrer dans le temple, il devient une personne à qui l’on a rendu sa dignité.
Mais qu’est-ce qui a rendu cela possible ? y a-t-il ici une formule magique qui permettrait aux apôtres de guérir largement ? Non bien sûr. Alors regardons. En fait, la guérison se passe en 3 temps :
- Regard
- Parole
- Geste
D’abord, le regard. Nous remarquons que dans ce texte ce ne sont pas moins de 4 verbes utilisés pour dire l’échange de regard qui a lieu entre Pierre et Jean et le boiteux : 3Il vit Pierre et Jean qui allaient y entrer et il leur demanda de l'argent. 4Pierre et Jean fixèrent les yeux sur lui et Pierre lui dit : « Regarde-nous ! » 5L'homme les regarda avec attention…
Ce contact visuel progressif est donc essentiel dans le processus de guérison. Il faut commencer par voir. Voir celui qui est arrêté au bord de la route, en détresse. Voir celui qui peut nous apporter quelque chose, une consolation, un relèvement. Mais voir ne suffit pas. « Regarde-nous ! » Il faut regarder au plus profond du cœur, il faut se connecter à l’humanité partagée.
Après le regard, la 2e étape, c’est la parole. Une parole efficace, performative pourrait-on dire, une parole agissante qui est celle-ci : « Je n'ai ni argent ni or, mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ de Nazareth, lève-toi et marche ! » Alors que le mendiant attendait de l’argent, il n’en reçoit pas, mais il va recevoir bien plus encore : la guérison et une vie nouvelle. Et avec quelle parole ? « Au nom de Jésus Christ de Nazareth » !
« Au nom de Jésus Christ de Nazareth » : c’est peut-être ici le point culminant, la pointe de l’iceberg, pour faire changer les choses. Il faut savoir que dans la théologie biblique, le nom, ce n’est pas seulement l’être d’une personne (ici de Jésus), c’est aussi toute la puissance qui en émane. Nommer n’est donc pas juste donner une étiquette, c’est révéler une réalité bien plus profonde avec le nom qui est porteur d’une puissance. « Au nom de Jésus Christ de Nazareth » est une manière d’agir « en qualité de Jésus », sous son autorité.
Pour reprendre l’exemple d’Harry Potter, pourquoi ne doit-on pas prononcer le nom de Voldemort ? Pour l’auteur de Harry Potter JK Rowling, qui est chrétienne, du nom émane une puissance. Invoquer le nom de Voldemort, c’est en fait invoquer les ténèbres. D’où l’interdiction de le nommer.
Oui invoquer un nom peut donner de la puissance, de l’autorité. Je vous donne un exemple : si je suis habillé normalement et que je vois quelqu’un dealer de la drogue, c’est une simple supposition bien sûr, et que je dis : « En mon nom, je vous arrête ! ». Le dealer va rigoler. Par contre, si j’ai revêtu mon uniforme de policier et que je lui lance « au nom de la loi, je vous arrête ! », là ce sera différent. Avec ce « au nom de la loi », le policier invoque l’autorité de la loi. Ce qui permet à tout type de policiers d’avoir de l’autorité, même les plus miquelets. Ce n’est pas autre chose que dit Pierre avec « Au nom de Jésus Christ de Nazareth » : il invoque l’autorité du Christ, fils de Dieu. Ce qui permet à tout type d’apôtre d’avoir de l’autorité, même les plus faibles ou ceux dont la foi est la plus fragile. Ca, c’est déjà une bonne nouvelle : cette autorité de Jésus, elle est donnée à chacun qui le reconnaît comme Christ, comme Seigneur, comme Sauveur. Chacun qui se reconnaît comme faisant partie du TEAM JESUS !
Mais la parole, qui suit le regard, ne suffit pas. La parole doit être suivie d’un geste, d’une action, concrète et humaine. « Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres pour agir dans ce monde », aimait à dire un collègue pasteur. Il compte sur nous pour annoncer sa bonne nouvelle en regards, en paroles et en actes,
Ici la main tendue de Pierre est forte, convaincue, et à deux ils empoignent l’infirme et le font lever. Se lever, c’est en grec le verbe egeiro qui est le même que celui de la résurrection à Pâques. « Lève-toi et marche » pourrait donc être traduit par : « ressuscite et avance ». C’est le programme, chers frères et soeurs : que nous ressuscitions maintenant, que nous soyons animés d’une vie plus vivante, joyeuse et libre, bondissante même !
Mais attention, ce n’est pas parce que l’on dit « Au nom de Jésus Christ de Nazareth » que cela va marcher automatiquement, comme une formule magique. Non. Déjà, vous aurez remarqué que ce n’est pas pour soi, mais pour l’autre. C’est pour offrir une seconde vie, une résurrection à mon frère ou à ma sœur en humanité. C’est proclamer non ma puissance mais la puissance du Christ qui peut tout, bien au-delà de ce qui est humainement possible. C’est remettre sous son autorité là où nous sommes impuissants, pour qu’Il agisse à travers nous, pour que la puissance de Son nom rayonne à travers nous, pour que Sa volonté soit faite et que Son règne vienne, à travers nous. Après, c’est à Lui de faire le reste du boulot… Mais comme disait Nel, c’est pas parce qu’on ne peut pas faire grand-chose qu’il faut renoncer à le faire.
La bonne nouvelle de ce matin, chers frères et sœurs en Christ, c’est donc que ce nom de Jésus Christ est offert à chacune et à chacun. Toi aussi, tu peux donner la guérison, au nom de Jésus Christ de Nazareth. Toi aussi tu peux recevoir la guérison, au nom de Jésus Christ de Nazareth. Parfois tu es le mendiant qui a besoin de la foi de ma sœur en Christ qui invoque le nom de Jésus. Parfois tu es l’apôtre qui partage sa foi en invoquant le nom de Jésus pour relever mon frère en Christ.
Ainsi, à travers notre regard, nos paroles et nos gestes, c’est la dignité qui est rendue à notre prochain. Un appel pour nos vies, et pour notre Église MLK aussi à proclamer le nom de Jésus et à offrir un espace de guérison en Son nom !
Chers frères et sœurs, le texte de ce matin vient nous encourager à recevoir et à donner regards, paroles et gestes de guérison autour de nous au sein de la Team Jesus, au nom de Jésus Christ de Nazareth. Pas en ton Nom, mais en celui de Jésus. Jésus qui, paraît-il, selon certaines sources apocryphes, aurait même chanté : « say my name, say my name ! ».
Amen.