« Ruth, l’expression de la bonté et de la fidélité de Dieu » (02.07.23)

Lecture du livre de Ruth, 1,6-19

6Alors Noémi se leva, elle et ses deux belles-filles, et quitta le pays de Moab pour revenir chez elle. Elle avait en effet appris que le Seigneur était intervenu en faveur de son peuple et lui avait donné de bonnes récoltes. 7Elle partit de l'endroit où elle se trouvait, accompagnée de ses deux belles-filles, et elles allèrent sur le chemin du retour vers le pays de Juda. 8Noémi dit à ses deux belles-filles : « Allez, rentrez chez vous maintenant, chacune dans la maison de sa mère. Que le Seigneur soit bon pour vous comme vous l'avez été pour ceux qui sont morts et pour moi-même ! 9Que le Seigneur permette à chacune de vous de trouver la sécurité, celle d'une femme dans la maison de son mari ! » Puis elle les embrassa. Elles élevèrent leur voix et se mirent à pleurer abondamment 10et lui dirent : « Non ! nous t'accompagnons. Avec toi, nous retournerons auprès de ton peuple. » 11Noémi reprit : « Rentrez chez vous, mes filles ! Pourquoi voulez-vous venir avec moi ? Je ne suis plus en âge d'avoir des fils qui pourraient vous épouser. 12Rentrez chez vous mes filles, allez ! Je suis trop vieille pour me remarier. Et même si je disais : “Il y a encore de l'espoir pour moi, cette nuit même je serai à un homme qui me donnera des fils”, 13attendriez-vous qu'ils aient grandi ? Renonceriez-vous à épouser quelqu'un d'autre ? Non, mes filles ! ma situation est plus amère que la vôtre, car la main de Dieu s'est abattue sur moi. »

14Les deux belles-filles élevèrent la voix et pleurèrent de plus belle. Finalement Orpa embrassa sa belle-mère avant de la quitter, mais Ruth s'attacha à elle. 15Noémi dit à Ruth : « Regarde, ta belle-sœur est retournée vers son peuple et vers ses dieux. Retourne chez toi, prends exemple sur ta belle-sœur. » 16Mais Ruth répondit : « N'insiste pas pour que je t'abandonne et que je retourne chez moi. Là où tu iras, j'irai ; là où tu t'installeras, je m'installerai. Ton peuple sera mon peuple ; ton Dieu sera mon Dieu. 17Là où tu mourras, je mourrai et c'est là que je serai enterrée. Je le jure par le nom du Seigneur, seule la mort me séparera de toi ! » 18Quand Noémi vit que Ruth était résolue à l'accompagner, elle cessa d'insister 19et elles allèrent ensemble jusqu'à Bethléem.

 

Prédication : « Ruth, l’expression de la bonté et de la fidélité de Dieu »

Résumé : Comment faire face au malheur et ouvrir sur un avenir ? Par son courage, par sa bonté et sa fidélité, Ruth l’étrangère montre un chemin. En mettant sa vie entre les mains de Dieu, elle fait surgir la bonté et la fidélité de Dieu pour son peuple. Une invitation pour nous aussi à vivre la confiance totale en ce Dieu bon et fidèle.

Prédication à (ré)écouter ici.

 

Chers frères et sœurs en Christ,

Quand c’est la dernière fois que vous avez vécu « un petit malheur » ?

Vous savez, ce genre de situation où vous vous dites « oh non, c’est pas possible, quelle poisse, quelle m… ! » Comme quand vous courrez pour prendre le bus… et qu’il part juste au moment où vous appuyez sur le bouton ! Comme quand vous mettez trop de liquide vaisselle pour laver les verres en cristal de belle-maman et qu’ils vous échappent malencontreusement des mains! Comme quand sans vous rendre compte, vous marchez sur de la peinture ou de la colle fraiche, ou même une crotte de chien… Quelle poisse, quelle m…

VDM : vie de m… ce sont des blagues qui circulent sur internet autour de situations de malchance ou juste malheureuses, par ex :

  • Aujourd’hui, jeune papa, je joue à la princesse avec ma fille de 4 ans. Je me propose de faire le prince. Sa réponse : « Non Papa, le prince lui il est beau. » Devant mon silence dépité, elle ajoute : « Bah, tu peux faire Shrek ». VDM
  • Ou encore : Aujourd’hui, j’envoie un email à un client très haut placé de sa société, et après avoir envoyé ce message, je m’aperçois qu’au lieu de « Géraldine » j’ai signé « Géraldinde ». VDM
  • Allez encore une pour la route: Aujourd’hui, mon fils de 18 mois a compris comment ouvrir le frigo. Je m’en aperçois rapidement et je pense qu’il n’a rien pris. Erreur. Je viens de m’asseoir sur un demi-camembert caché sous un coussin du salon. VDM.

Des petits malheurs, nous en vivons tous régulièrement. Des grands malheurs aussi, quand nous vivons des deuils, à cause de la mort d’un proche, ou d’autres deuils : deuil d’un statut social, deuil d’un rêve qui ne se réalisera jamais, deuils à cause de l’âge…

Dans l’histoire de Ruth & Noémie, dès le début de ce « conte », le malheur semble omniprésent. La famine, d’abord frappe Israël, et oblige Noémi et Elimélek à fuir chez les Moabites. La mort, ensuite, qui frappe non seulement Elimélek, le mari de Noémie, mais également leurs deux fils. Ruth, ainsi, perd coup sur coup son beau-père et son mari, eux qui sont à l’époque les garants d’une situation stable. Ainsi, non seulement Ruth est frappée par le deuil, mais en plus elle perd tout statut social. En bref, Ruth et sa belle-mère Noémi, auraient pu écrire cette VDM :

Aujourd’hui, je suis mariée à un juif exilé ;
d’abord son père meurt,
puis lui aussi s’en va emporté par la mort
Me laissant comme une pauvre
seule avec ma belle-mère.
VDM

A l’époque, quand le malheur frappe, on se demande toujours de qui est-ce la faute. Avec en filigrane la question : ne serait-pas une punition divine ?

Aujourd’hui, nous en sommes conscient : il y a des malheurs qui nous arrivent et qui ne sont de la faute de personne : ni de nous-mêmes, ni de Dieu (bien sûr), ni du gouvernement, ni de personne.

Comment fait-on face au malheur ? Ruth aurait pu dire : « c’est pas juste », crier sa colère devant l’injustice. Elle aurait pu aussi s’enliser dans l’amertume, comme le fera Noémi (appelée « Mara » qui signifie « amère ») quand elle rentrera à Bethléem (la maison du pain), quand la famine aura pris fin.

Ruth aurait pu aussi rester dans son pays. D’abord parce que cela semble logique, qu’elle peut y refaire sa vie avec un autre homme. Mais surtout parce que Noémi ne voit pour ses deux belles-filles aucun avenir en Israël ! Et pour plusieurs raisons :

  1. Elles sont étrangères et subiront le rejet, car Moab est un pays hostile à Israël.
  2. Elles ne pourront pas dépendre de Noémie (qui n’a plus de mari) mais elles devront subvenir à leurs besoins au prix d’un travail fatiguant, humiliant, ingrat.
  3. Elles sont encore jeunes et belles mais rien n’est moins sûr qu’elles trouvent un mari en Israël.

Du malheur en cascade, donc, l’horizon se bouche : il n’y a pas d’avenir pour Ruth et sa belle-sœur Orpa. Comme une voie sans issue. Comme une mort symbolique.

Si Orpa accepte finalement de rester dans son pays, pour Ruth, cela est tout simplement impossible. Alors Ruth a ces paroles si belles et si fortes, si inspirantes de fidélité et de loyauté, peut-être un des plus beaux passages de la Bible : « N'insiste pas pour que je t'abandonne et que je retourne chez moi. Là où tu iras, j'irai ; là où tu t'installeras, je m'installerai. Ton peuple sera mon peuple ; ton Dieu sera mon Dieu. Là où tu mourras, je mourrai et c'est là que je serai enterrée. Je le jure par le nom du Seigneur, seule la mort me séparera de toi ! » (1,16-17)

Quelle radicalité dans ce choix de vie ! Qui peut dire qu’il aurait fait pareil ? L’histoire de Ruth tranche avec une société comme la nôtre marquée par l’individualisme. Aujourd’hui on lui aurait dit : « mais sauve ta peau ! Laisse partir ta belle-mère et refais ta vie, pense d’abord à toi. Ici tu trouveras un mari, assure-toi un avenir, recherche ton bien-être et ta sécurité ici…»

Le livre de Ruth questionne cet individualisme. Elle cherche à faire ce qui est le meilleur pour l’autre, de façon désintéressée. Ruth suit donc sa belle-mère, d’abord par fidélité, mais aussi par amour, par bonté. En fin de compte, pour faire face au malheur, Ruth met l’attachement au premier-plan : son lien avec sa belle-mère, c’est tout ce qui lui reste. Et sa foi au Dieu d’Israël aussi. Quand Ruth dit « ton Dieu sera mon Dieu », elle décide de mettre sa vie et sa destinée entre les mains d’un Dieu qu’elle a appris à connaître à travers la vie et le témoignage de son mari et de Noémie.

Ruth devient l’une de ces témoins courageuses qui nous redit que, devant un avenir incertain, il s’agit de mettre toute notre vie entre les mains de Dieu. Il s’agit paradoxalement d’abandonner notre sécurité pour marcher avec le Seigneur. Par cet amour et cet attachement, Ruth va jusqu’à dire : « ma vie ne m’appartient plus ». Mais cette vie donnée, ce renoncement à soi comme dirait Jésus, Dieu va l’honorer… En effet plus tard, Dieu va honorer la radicalité du choix de Ruth au travers de Booz son futur mari qui la traitera avec bonté. Et avec qui elle enfantera, dit la tradition, l’ancêtre du Roi David… et de Jésus !

Ainsi Ruth, la moabite, par sa bonté et sa fidélité, devient une véritable fille d’Israël et ancêtre de Jésus. Comme quoi la participation au royaume ne dépend pas du sang et de la naissance mais de l’obéissance à Dieu et de la foi en ses promesses.

Et vous ? comment faites-vous pour faire face au malheur ? Vers quoi vous tournez-vous lorsque vous êtes en difficulté ?

L’exemple de Ruth nous redit combien nous avons à placer notre vie entre les mains du Seigneur. Car la bonne nouvelle de ce texte, c’est que devant les chemins sans issue, les horizons bouchés et les existences sans avenir, Dieu nous offre un avenir et une espérance en se révélant à nous… Oui Dieu se révèle à travers des humains – ici une étrangère – pour dire sa bonté et sa fidélité au-delà de toute épreuve. Il se révèle par l’amour donné et reçu, par la tendresse et l’affection, la confiance et la fidélité de tous ceux et celles qui nous entourent. Les avez-vous vus ?

Alors chers frères et sœurs, comment faire face au malheur et ouvrir sur un avenir ? Par son courage, par sa bonté et sa fidélité, Ruth l’étrangère nous montre un chemin. En mettant sa vie entre les mains de Dieu, elle fait surgir la bonté et la fidélité de Dieu pour son peuple. Une invitation pour nous aussi à vivre la confiance totale en ce Dieu bon et fidèle.

Et si nous arrivons à vivre cette confiance absolue en Dieu, à nous abandonner en lui comme Ruth l’a fait, alors ce sera vraiment pas une VDM.

Amen.

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