Vos lieux de culte Église 29

Dieu dit : Faisons l'homme à notre image selon notre ressemblance,

pour qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail,

sur toute la terre et sur tous les reptiles qui rampent sur la terre.

Dieu créa l'homme à son image :

Il le créa à l'image de Dieu,

Homme et femme il les créa.

Dieu les bénit et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la.

Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel et sur tout animal qui rampe sur la terre.

Dieu dit : Voici que je vous donne toute herbe porteuse de semence et qui est à la surface de toute la terre,

et tout arbre fruitier porteur de semence : ce sera votre nourriture.

À tout animal de la terre, à tout oiseau du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui a souffle de vie,

je donne toute herbe verte pour nourriture. Il en fut ainsi.

Dieu vit alors tout ce qu'il avait fait, et voici : c'était très bon.

Il y eut un soir et il y eut un matin : ce fut un sixième jour.

Genèse 1, 26-31

 

Jésus les appela et leur dit :

Vous savez que ceux qu'on regarde comme les chefs des nations les tyrannisent,

et que les grands abusent de leur pouvoir sur elles.

Il n'en est pas de même parmi vous.

Mais quiconque veut être grand parmi vous, sera votre serviteur ;

et quiconque veut être le premier parmi vous, sera l'esclave de tous.

Car le Fils de l'homme est venu, non pour être servi,

mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup.

Évangile selon Marc 10, 42-45

 

 

« Remplissez la terre, soumettez-la.

Régnez sur les poissons de la mer,

sur les oiseaux du ciel

et sur tout animal qui se meut sur la terre. »

 

Frères et sœurs,

ces paroles semblent claires :

l’être humain a pour vocation

de dominer la nature.

Avoir tous les animaux sous sa coupe,

En faire ce qu’il veut.

Un souverain qui a droit de vie et de mort

sur ses sujets.

 

Il nous semble normal

d’aménager le monde selon nos besoins et nos envies.

Creuser des tunnels dans les montagnes.

Placer des barrages sur les fleuves.

Modifier le cours des rivières.

Couper les forêts.

Assécher les marais.

Arracher ce qui pousse

pour planter ce qui nous arrange.

Cela nous semble plus que naturel :

obligé, nécessaire.

Ce qui fait de nous des humains,

des créateurs.

Rester les bras ballants à ne rien faire,

ce serait se trahir.

Être inutile.

Se rabaisser au niveau des animaux.

 

Parce que, bien sûr,

les animaux sont dans une catégorie

bien différente de la nôtre.

Et c’est pour cela que l’on peut en faire

ce que l’on veut.

Ne voir en eux que de la viande sur pattes.

Ou des cibles mouvantes qui traversent les airs.

Faire une liste de nuisibles à éliminer.

Se débarrasser ainsi de tout ce qui nous dérange.

De tout ce qui n’entre pas dans nos cases.

 

La masse globale des animaux domestiques

est maintenant plus importante

que celle des animaux sauvages.

Les poules représentent

plus de la moitié des oiseaux

qu’il y a dans le monde.

La masse des poissons dans les océans

a baissé de moitié

ces cinquante dernières années.

Et la masse des insectes volants

a connu un déclin encore plus fort.

 

Mais pourquoi y voir un problème ?

« On a le droit ! »

Dieu n’a-t-il pas dit :

« Remplissez la terre, soumettez-la.

Régnez sur les poissons de la mer,

sur les oiseaux du ciel

et sur tout animal qui se meut sur la terre. »

C’est ce que l’on fait !

 

Seulement, il y a malentendu.

La logique de Dieu n’est pas celle des hommes.

Jésus le dit bien :

« Vous savez

que ceux qui sont regardé comme les chefs des nations

les asservissent,

et que les grands les tiennent sous leur puissance.

Il n’en est pas ainsi parmi vous. »

Et pour que cela soit bien clair,

il ajoute :

« Que celui qui voudra devenir grand parmi vous

se fasse votre serviteur ;

et que celui d’entre vous qui voudra être le premier,

se fasse votre esclave. »

 

Dans la logique de Dieu,

régner, dominer,

ce n’est pas écraser, exploiter, opprimer.

C’est servir.

Non pas la force, la violence,

mais l’amour.

 

Au moment de créer l’être humain,

Dieu dit :

« Faisons l’homme à notre image

et à notre ressemblance. »

 

Notre comportement envers tout ce qui vit

laisse deviner l’image que nous nous faisons de Dieu.

Bien plus proche des résidents capricieux de l’Olympe,

que de la douceur et de l’humilité

se révélant à nous en Jésus-Christ.

 

Un comportement de nouveau riche

qui casse ses jouets en disant :

« Ce n’est pas grave,

j’en rachèterai de nouveaux. »

Ne surtout pas se brider.

« Noblesse oblige », c’est dépassé.

 

Dieu comme celui qui n’a de comptes à rendre à personne.

Dieu comme celui qui peut faire ce qu’il veut

sans se soucier des conséquences.

Une vision infantile de la toute-puissance.

 

 

« Remplissez la terre, soumettez-la.

Régnez sur les poissons de la mer,

sur les oiseaux du ciel

et sur tout animal qui se meut sur la terre. »

 

Il est facile de se méprendre sur ces paroles.

D’y voir un chèque en blanc qui nous serait fait.

 

Pour ne pas commettre cette erreur,

il faut se tourner vers celui qui est l’humanité

dans son accomplissement, dans sa perfection.

Le Christ.

Jésus.

 

C’est à cela que nous sommes invités :

être pour l’ensemble de la Création

le visage du Seigneur des seigneurs.

Être pour les poissons, les oiseaux et tous les autres animaux,

le visage de ce Roi qui avance monté sur un âne,

et dont la couronne d’épines rappelle

qu’il est allé jusqu’à verser son sang pour tous.

 

 

Le théologien américain Thomas Berry

a dit qu’il nous fallait apprendre à regarder le monde,

non plus comme une collection d’objets,

mais comme une communauté de sujets.

 

« Régnez sur les poissons de la mer,

sur les oiseaux du ciel

et sur tout animal qui se meut sur la terre. »

 

Un bon souverain n’opprime pas ses sujets,

mais les fait prospérer.

 

Non pas un pouvoir,

mais une responsabilité.

Appeler à la vie,

plutôt que mutiler et contraindre.

 

 

Dans le Psaume 147, il est dit de Dieu :

« Il compte le nombre des étoiles ;

Il les appelle toutes par leur nom. »

 

Cette attention personnalisée,

c’est cela, la marque du souverain.

Toujours voir un visage,

quelque chose d’unique.

Et non des masses,

des stocks.

Tant d’exemplaires de ceci,

de cela.

 

Le monde moderne travaille

avec des flux, des statistiques.

Nos gouvernants, économiques et politiques,

sont souvent plus à l’aise avec les graphiques et les schémas,

qu’avec les gens réels.

Ils se voient d’ailleurs plus comme des gestionnaires,

avec les personnes comme une variable d’ajustement

parmi d’autres.

 

Le Dieu qui nous a montré son visage en Jésus-Christ

est bien différent.

Une attention personnelle, unique.

Une bénédiction les yeux dans les yeux.

Un cœur qui s’adresse à un cœur.

Un cœur qui réveille un cœur.

 

« Le Fils de l’homme est venu

non pour être servi,

mais pour servir,

et donner sa vie

pour la rançon de beaucoup d’hommes. »

 

Nous voyons facilement le serviteur

comme l’opposé du souverain, du maître.

Le Christ, lui, nous dit

que le serviteur

est la vérité du souverain, du maître.

 

Après avoir lavé les pieds de ses disciples,

il leur dit :

« Vous m’appelez Maître et Seigneur,

et vous dites bien, car je le suis.

Si donc je vous ai lavés les pieds,

moi, le Seigneur et le Maître,

vous devez aussi vous laver les pieds

les uns aux autres. » (Jean 13, 13-14)

 

C’est à cet aune qu’il faut comprendre

cette vocation que Dieu nous a donnée

et qu’il résume dans ces mots :

« Remplissez la terre, soumettez-la.

Régnez sur les poissons de la mer,

sur les oiseaux du ciel

et sur tout animal qui se meut sur la terre. »

 

Être le serviteur de la Création,

parce que l’on en est le souverain.

Être le serviteur des poissons et des oiseaux

et de tout ce qui se meut sur la terre.

 

« Remplir la terre… »

Non pas prendre la place des autres.

Mais être là pour les soutenir.

Pour leur témoigner cet amour

qui est celui du Créateur.

 

Remplir la terre

pour qu’ainsi elle soit

pleine de la connaissance de Dieu,

comme le fond de la mer

est couvert

par les eaux (cf. Esaïe 11, 9).

 

Amen